renferme trois cent soixante-cinq de ces périodes; c’est-à-dire, qu’il a autant
de semaines de treize jours que l’année a de jours civils. Une année de
l’almanach rituel a vingt demirlunaisons, ou deux cent soixante jours, et
ce même nombre de jours renferme cinquante-deux demi-décades, ou petites
périodes de cinq jours: les Mexicains retrouvoient donc, dans la concordance
de ces deux comptes de la lune et du soleil, leurs nombres favoris dè 57
15 , 20 et 52. Un cycle de cinquante-deux ans renfermoit quatorze cent soixante
petites périodes de treize jours; et si l ’on y ajoute treize jours intercalaires, on a
quatorze cent soixante-une petites périodes, nombre qui coïncide accidentellement
avec celui des aimées qui constituent la période sotbiaque.
Le cycle de dix-neuf années solaires, qui correspond à deux cent trente-
cinq lunaisons, et que les Chinois connoissoient plus de seize siècles avant
Meton1, ne trouve son multiple ni dans le cycle de soixante ans, qui est en
usage chez la plupart des peuples de l’Asie orientale et chez les; Muyscas
du plateau de Bogota, ni dans le cycle de cinquante-deux ans adopté par
toutes les nations de race toltèque, acolhue,. aztèque et tlascaltèque. Il est
vrai que cinq vieillesses de cent quatre ans chacune forment, à une année
près, la période julienne, et que le double de la période de Meton est presque
égal à trois indictions ( tlalpiüi ). de l’année mexicaine ; mais aucun multiple
de treize n’égale exactement le nombre des jours renfermés dans une période
de deux cent trente-cinq lunaisons. La période de Meton contient cinq cent
trente-trois et demi petits cycles de treize jours, tandis que celle de Calippe en
renferme deux mille cent trente-quatre et un treizième. La connoissance de
ces périodes étoit utile aux peuples de l’Asie, qui, de même que les Péruvièns,
les Muyscas et d’autres tribus de l’Amérique méridionale, avoient des années
lunaires : mais elle devoit être absolument indifférente aux Mexicains, le
prétendu compte de la lune (Metzlapohualli) n’étant qu’une division arbitraire
d’une grande période de treize années astronomiques en trois cent soixante-cinq
petites périodes de treize jours, dont chacune a sensiblement la même durée
que le sommeil ou la veille de la lune.
Les Mexicains conservoient des annales qui remontoient à huit siècles et
demi au-delà de l’époque de l’arrivée de Cortez au pays d Anahuac. Nous
avons expliqué plus haut comment ces annales présentoient, dans leurs
1 La P lace , Exp o s., Tom. a , pag. 267.
subdivisions, tantôt un cycle de cinquante-deux ans, tantôt un tlalpilli de treize
ans, tantôt une seule antiée de deux cent soixante jours renfermés dans vingt
petites périodes de treize jours, selon que l’histoire étoit plus ou moins détaillée.
Auprès de la série périodique des hiéroglyphes des années ou des jours, étoient
représentées, dans des peintures brillantes de copieurs, hideuses par les formes
et par l’extrême imperfection du dessin, mais souvent naïves et ingénieuses par
la composition, les migrations des peuples, leurs combats, et lès événemens
qui avoient illustré le regne de chaque roi. On ne sauroit nier que Yaladès,
Àcosta, Torquemada, et, dans ces derniers temps, Siguenza, Boturini et
Gama, n aient tiré des lumières de peintures qui remontoient jusqu’au septième
siècle. J’ai eu moi-même entre lès mains des peintures dans lesquelles on
reconnoissoit les migrations des Toltèques : mais je doute que les premiers
conquérans espagnols aient trouvé, comme l ’affirme Gomara1, des annales qpiÿ
année par année, traçoient les événemens pendant huit siècles. Les Toltèques
avoient disparu1 quatre cent soixante-huit ans avant l ’arrivée de Cortez; le
peuple que les Espagnols trouvèrent établi dans la vallée de Mexico, étoit de
race aztèque : ce qu il savoit des Toltèques, il ne pouvoit l’avoir appris que des
peintures que cèux-ci avoient laissées dans le pays d’Anahuac, ou de quelques
familles^ éparses, qui, retenues par l ’amour du sol natal, n’avoient pas voulu
partager les chances de l’émigration.
Les annales des Aztèques commencent, d’après Gama, à une époque qui-
correspond a 1 année iocji de notre ère, époque à laquelle, par ordre de
leur chef Chalchiuhtlatonac, ils célébrèrent la fête du renouvellement du feu à
Tlalixco, appelé aussi Acahualtzinco, situé probablement sous le parallèle de 33°
ou 35° de latitude septentrionale. C’est seulement depuis l’année 1091, dans
laquelle, comme dit expressément l ’historien indien Chimalpain, ils lièrent
pour la première fois les années depuis leur sortie d’Aztlan, que l ’histoire
mexicaine offre le plus grand ordre et un détail surprenant dans le récit des
événemens.
D après ce que nous avons exposé jusqu’ici du compte du soleil, et de la
division uniforme de l’année en dix-huit mois d’égale durée, il auroit été facile
aux Mexicains de désigner l’époque des événemens historiques, en rapportant
1 Gomara, Conquista de Mexico, FoL exix.
' Voyez plus haut, pag. 26.
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