ces signes.des jours (kdrkundn des Persans) , les Chiapanois distinguoient,
de même que les Aztèques, quatre grands et seize petits signes. Les premiers
commençoient les périodes de cinq jours; mais au* noms 'de maison, lapin,
canne et’ silex (calli, tochtli, acatl et tecpad), les Chiapanois avoient substitué
ceu* de Votan, Lambat, Been et Chinax, quatre chefs célèbres dans leurs^
annales historiques.
Nous avons déjà fixé plus haut l'attention de nos lecteurs sur ce Votan
ou Wodan, Américain qui paroit de la même famille avec les Wods ou Odins
des Goths et des peuples d'origine celtique. Comme, d'après les savantes
recherches de sir WUliam Jones, Odin et Boudha sont probablement une
même personne', il est curieux de voir les noms deBoùd-var, Wodam-dag
(Wednes-day) et Votan, désigner, dans l’Inde, en Scandinavie et au Mexique,
le jour d’une petite période. Selon les traditions antiquei.recueiUies par l'é^êque
François Nuñez de la Vega, « le Wodan des Chiapanois étoit petit-fils de cet
illustre vieillard qui, lors de la grande inondation dans laquelle périt la majeure
partie du genre humain, fut sauvé dans un radeau, lui et sa famille. » Wodan
ooqpéra à la construction du grand édifice que les hommes entreprirent pour
atteindre les cieux : l'exécution de ce projet téméraire fot interrompue |.
chaque famille reçut dès-lors une langue différente, et le grand esprit Teod
ordonna à Wodan d'aller peupler le pays d’Anahuac, Cette tradition américaine
rappelle le Menou des Hindoux, le Noé des Hébreux,, la dispersion des
Couschites de Singar. En la comparant soit aux traditions hébraïques et
indiennes conservées dans la Genèse et dans deux pouranas sacrés*, soit à
la fable de Xelhua le Cholulain3, et à d’autres faits cités dans le cours de cet
ouvrage, il est impossible de ne pas être frappé de l'analogie qui existe entre
les souvenirs antiques des peuples de l’Asie et de ceux du nouveau continent
Nous prouverons ici, comme nous l’avons avancé plus haut, que cette
analogie se manifeste surtout dans la division du temps, dans l ’emploi des séries
périodiques, et dans-la méthode ingénieuse, quoique embarrassante et compliquée,
de désigner un jour ou une année, non par des chiffres, mais par des
signes astrologiques. Les Toltèques, les Aztèques, les Chiapanois et d’autres
■ Rech. Asiat, V o ix , p- 5n , Vol. u , p. 343-
I L. c. VoL n i , p. 486.
I Voyez plus haut, p. 52.
peuples- de race mexicaine, comptaient d’après des cycles de cinquante-deux
ans, divisés *n quatre périodes de treize ans; Jes Chinois, les Japonnois,
les Calmouks, les .Vlogl.ols, les Mantchoux et d’autres hordes tartares, ont
des cycles de soixante ans divisés en cinq petites périodes de douze ans. Les
peuples de l’Asie, comme ceux de l ’Amérique, ont dès noms particuliers pour-
les années renfermées dans un cycle : on dit encore à Lassa :et à Nangasacli,
comme jadis'à Mexico, que tel ou tel événement a eu lieu l’année du lapin]
du tigre ou du chien. Aucun de ces peuples n’a autant de noms qui] y a'
d’années: dans le cycle : tous doivent, par conséquent, recourir à l’artifice de
la correspondance des séries périodiques. Chez les Mexicains, ¿ séries sont
de treize nombres et de quatre signes hiéroglyphiques; chez les peuples de
l ’Asie, que nous venons de nommer, les séries ne renferment pas de chiffres;
elles sont formées tant par des signes qui correspondent aux douze constellations
du zodiaque, que par les noms des élémens qui présentent dix termes, parce
que chaque élément est considéré comme mâle ou femelle. L ’esprit de ces
méthodes est le même dans la chronologie des peuples américains, et dans
celle des peuples asiatiques : en jetant les yeux sur le tableau des années que
nous avons, tracé plus haut ', on voit que l ’avantage de la simplicité est même
du côté des Mexicains. Le Japonnois, pour désigner l’époque à laquelle un Daïri
est monté sur le trône, ne dit pas que c’était dans l’année ouma (cheval),
de la. seconde période de douze ans; il appelle la dix-neuvième année du
.cycle l’année eau mdle, cheval, placée entre les années eau femelle, brebis,
et métal femelle, serpent. Pour se faire une idée nette de ces séries périodiques
du calendrier japonnois, U faut sè rappeler que ce peuple, comme les Tibétains,'
compte cinq élémens; savoir: le bois (ieno), le feu (fin o ), la terre (tsutsno),
le métal ou plomb (hanno), et l’eau ( midsno ). Chaque élément est mâle ou .
femelle, selon que Ton ajoute les syllabes je ou to, distinction qui étoit aussi
en usage chez les Égyptiens *. Pour distinguer les soixante années du cycle,
les Japonnois combinent les dix élémens ou principes terrestres avec les douze
signes du zodiaque, appelés les principes célestes. Nous ne rapporterons ici
que les deux premières indictions que renferme le cycle3 japonnois.
‘ Voye. p.s 'to.
a Sbnbca, Quæst nat, 1. 3 , c. i4-
3 Kasmpfe«, Plist. du Japon, 1729, Tom. 1, p ag .15 7, Tab. xv.
3 y