diroit Lucien*. Cette posture de repos, suggérée aux hommes par la nature
elle-même, est décrite soigneusement par les lexicographes grecs, et spécialement
affectée, dans les monumens des arts, aux figures de femmes. Hésychius, v.
¿KKvXcu et oxAtt^giv; Erotianus dans son Lexique sur Hippocrate, v. oxAaaiç,
décrivent cette posture par des périphrases qui désignent l’attitude dans
laquelle on est assis sur ses jambes et sur ses talons : èm rm 7rre^m
■xaûéÇeiAcu ' iiri tclç xvtytaç xai rctç TrWpvaç. Kctfu.-fya.VTci rct yôvctTOL kcMgcli. Le
savant Hemsterhuis conjecture que le verbe primitif qui exprimoit cet état de
repos étoit oxeiv, et qu’il a été la racine d’un grand nombre de mots grecs qui
sont passés ensuite dans d’autres langues“. Il suffira de citer les noms ox.voç,
paresse; et oîxoç , maison; tant cette pose dans les sociétés primitives , et
presque sauvages étoit familière aux hommes fatigués, pendant les momeiis
tranquilles qu’ils passoient dans l’intérieur de leurs rustiques retraites.
On voit sur les monumens de l’Égypte un grand nombre de femmes
représentées dans cette attitude, soit qu’elles allaitent leurs enfans, ou qu’elles
soient en prière aux pieds de leurs idoles, où qu’elles jouent de quelques ins-r
trumens, ou qu’elles donnent des marques extérieures d’afffiçtion aux funérailles
de leurs parens ou de leurs compatriotes3. On trouve aussi sur les mêmes
monumens, mais beaucoup plus rarement, des hommes représentés dans
cette attitude4. On pourroit même penser que le précepte des Pythagoriciens,
de prier assis, n’avoit trait dans les temps reculés qu’à cette posture usitée
dans les rites des Égyptiens. Elle est si naturelle, particulièrement, aux
femmes, à cause de la souplesse de leurs membres, que dans -plusieurs
contrées d’Italie les femmes de la campagne la prennent habituellement à
l’église. Nous ne devons donc pas . nous étonner qu’elle ait ; été en usage
chez les femmes aztèques. On la retrouve dans quelques-unes des peintures
symboliques de ce peuple: à la Pl. x x v i, la déesse de l’eau qui s’élance
sur la terre pour la submerger, est représentée assise sur • ses talons; et
■ In Lexiphane.
* Voyez dans Y Hésychius d’AUwrii les notes au mo t Ohiïfuy.
’ Voyez dans le superbe ouvrage, Description de l’Egypte, au Tom. i , les Planches xii, n.° 2 ; i.x h , n.° 3 ; :
u n , n.° 1; i n , n.° 2 ; lx x x i, xcvi e t ailleurs; e t dans le Foyage dans la Basse et la Haute Égyple,
par M. Dehoh, les Plaqcbes cx x v i, cxxxi e t cxxxy.
4 Sculture de la villa Borghese, St. vm , n.° 4 > WingkblSiahh , Hist. de l’Art, e tc ., édition dé
Rome, T om .i, Pl. vr. '
plusieurs autres figures sur dautres peintures mexicaines, sont à peu près
dans la même pose, excepté qu’elles n’ont qu’un seul genou à terre. Et,
pour ce qui,a rapport à la statue dont j ’-ai l’horineur de vous entretenir,
il me semble que le derrière de cette figure ( Pl. 11 ) présente une preuve
certaine de ce que je viens d’avancer ; on y voit distinctement les pieds
dont les doigts sont indiqués assez clairement; ils sont placés les uns contre
les autres, et le clair-obscur fait sentir dans le dessin (Pl. 1) la saillie
des genoux cachés sous la draperie roide et unie qui enveloppe toute la figure.
Pour ne pas m’arrêter davantage sur ce reste curieux des arts d’un
peuple qui a presque disparu, je me bornerai à remarquer que la grandeur
excessive de la tête est un défaut commun à la plupart des ouvrages de
ce peuple. Ce même défaut est très-sensible dans les figures sculptées qui.
surmontent les. couvercles des urnes cinéraires étrusques. Il semble que
1 intention d exprimer avec plus de précision et d’exactitude les traits de
cette partie principale a été, pour des artistes ignorans , le motif de
1 aggfandir au point de l’exagérer. Je jpasse à une autre observation qui
ma été suggérée par fexamen et par l’explication d’une des peintures
hiéroglyphiques que je viens de çiter , et sur laquelle vous avez lu un
mémoire a notre classe : les quatre destructions du monde y sont représentées
( Pl. x x v i ). Vous comparez ces périodes aux quatre âges de la
mythologie des Grecs; et comme vous trouvez cinq âges du monde dans
les traditions des Aztèques, vous tâchez de faire disparoître cette différence,
en prouvant que 1 âge de bronze dans Hésiode peut aisément se diviser en
deux a cause des deux générations que le poète y décrit (pag. 210, 211
ci-dessus). J observe qu’Hésiode.j ainsi que les Aztèques, comptoit cinq
âges, en tenant compte, ainsi qu’eux, de celui qui n’étoit pas encore
consommé et dans lequel il vivoit. Il le dit en termes exprès, ( Opéra et
Diesj v. i 7 4 ) : ,
MnasT s7rsiT ai(peiAov lyà iripÆTOttn (/.erUvcti.
« O. que le sort n’a - t - i l voulu que je ne me trouvasse pas avec les hommes du cinquième âge! »
Cette tradition des cinq âges auroit été connue aux Ghaldéens, s’il est