a supposé l’existence de. murs intérieurs * partout où il a vu des amas
de décombres ou des élévations accidentelles du terrain. Son plan n indique
ni la véritable forme des appartemens, ni les quatre grandes portes
extérieures, qui nécessairement ont dû exister depuis la construction de
l’édifice.
Nous avons déjà observé plus haut que le plateau de Quito se prolonge
entre une double crête* de la Cordillère des Andes : il est séparé du plateau
de Llactacunga et d’Hambato par les hauteurs de Chisinche et de Tiopullo,
qui, semblables à une digue, s’étendent transversalement de la crête orientale
vers la crête occidentale, ou des rochers balsatiques de Ruminahui vers les
pyramides élancées de l’ancien volcan d llinissa. Du haut de cette digue
qui partage les eaux entre la mer du Sud et 1 Océan atlantique, on découvre,
dans une immense plaine couverte de pierre ponce, le Panecillo du Callo et
les ruines de la maison de l’inca Huayna-Capac. Le Panecillo, ou pain de sucre,
est une butte conique d’environ quatre-vingts mètres d’élévation , couverte
de petites broussailles de Molina, de Spermacoce et de Cactus : les indigènes
sont persuadés que cette butte, qui ressemble à une cloche et dont la forme
est d’une régularité surprenante, est un tumulus, une de ces nombreuses
collines que les anciens habitans de ce pays ont élevées pour servir de sépulture
au prince ou à quelque autre personnage distingué. On allègue, en
faveur de cette opinion, que le Panecillo est tout composé de débris
volcaniques, et que les mêmes ponces qui entourent sa base,, se rencontrent
à son sommet.
Cette raison pourroit paroître peu convaincante aux yeux d’un géologue;
car le dos de la montagne voisine de Tiopullo, qui est beaucoup plus élevée que
le Panecillo, présente aussi de grands amas de pierre ponce, dus vraisemblablement
à d’anciennes éruptions du Cotopaxi et de l’ilinissa. On ne sauroit révoquer
en doute que, dans les deux Amériques, de même que dans le nord de 1 Asie et
sur les bords du Borysthène, il ne se trouve des tertres élevés à main d’homme,
de véritables tumulus d’une hauteur extraordinaire. Ceux que nous avons
trouvés dans les ruines de l’ancienne ville de Mansiche, au Pérou, ne cèdent
pas beaucoup en élévation au pain de sucre du Callo. Il se pourroit cependant,
■ Voyage historique de l’Amérique méridionale, Tom. i , pag. 5Sy, Pl. 18.
a Voyez plus haut, pag. io4 , et mon Recueil d’Observations astronomiques, V o l.i, pag. 3og.
et cette opinion me paroît plus probable, que ce dernier lut une butte
volcanique, isolée dans la vaste plaine de Llactacunga, et à laquelle les natifs
ont donné une forme plus régulière. Ulloa, dont l’autorité est d’un grand
poids,» paroît adopter l ’opinion des indigènes : il croit même que le Panecillo
est un monument militaire , et qu il servoit de beiïroi pour découvrir ce qui
se passoit dans la campagne, et pour mettre le prince en sûreté à la première
alarme d’une attaque imprévue. Dans l'état de Kentucky, on observe
aussi, près d’anciennes fortifications de forme ovale, des tumulus très-élevés
renfermant des ossemens humains, çt couverts d’arbres que M. Cutter suppose
avoir près ae mille ans '.
La maison de Vlnca se trouve située un peu au sud-ouest du Panecillo,
à trois lieues de distance du cratère de Cotopaxi, environ dix lieues au sud
de la ville de Quito. Cët édifice forme un carré dont chaque côté a trente
mètres de longueur : on distingue encore quatre grandes portes extérieures,
et huit appartemens dont trois se sont conservés. Les murs ont à peu près
cinq mètres de hauteur sur un mètre d’épaisseur. Les portes semblables à
celles des temples égyptiens; les niches, au nombre de dix-huit dans chaque
appartement, distribuées avec la plus grande symétrie ; les cylindres servant
à suspendre des armes; la coupe des pierres, dont la face extérieure est
convexe et coupée en biseau, tout rappelle l’édifice du Canar, qui est représenté
sur la Planche x x . Je n’ai rien vu au Callo qui annonçât ce qu’Ulloa appelle
de la somptuosité, de la grandeur et de la majesté : mais ce qui me paroît
digne du plus grand intérêt, c’est l’uniformité de construction que l ’on remarque
dans tous les monumens péruviens. Il est impossible d’examiner attentivement
un seul édifice du temps des Incas, sans reconnoître le même type dans tous
les autres qui couvrent le dos des Andes, sur une longueur de plus de quatre cent
cinquante lieues, depuis mille jusqu’à quatre mille mètres d’élévation au-dessus
du niveau de l’Océan. On diroit qu’un seul architecte a construit ce grand
nombre de monumens, tant ce peuple montagnard tenoit à ses habitudes
domestiques, à ses institutions civiles et religieuses, à la forme et à la distribution
de ses édifices. Il sera facile de vérifier un jour, d’après les dessins
que renferme cet ouvrage, si, dans le Haut-Canada, comme le prétend le savant
auteur des Noticias americanas, il existe des édifices qui, dans la coupe des
Carby’s Pocket Atlas o f the United-Staies, 1796, p. 10È - v;