ont reflué du nord vers le sud : nous connoissons des monumens aztèques
jusqu’aux rives du Gila, entre les 35° et 34° de latitude nord. L ’histoire
nous montre les Toltèques venant de régions plus septentrionales encore.
Ces colons, sortis d’Aztlan, n’arrivoient pas comme des hordes barbares : tout
annoncoit ehez eux les restes d’une ancienne civilisation. Les noms imposés
aux villes qu’ils construisoient, étoient les noms des lieux qu’habitoient leurs
ancêtres : leurs lois, leurs annales, leur chronologie, l’ordre de leurs sacrifices,
étoient modelés sur les connoissances qu’ils avoient acquises dans leur première
patrie. Or, les singes et les tigres qui figurent parmi les hiéroglyphes des
jours et dans la tradition mexicaine des quatre âges ou destructions du soleil,
n’habrtent pas la partie septentrionale de la Nouvelle-Espagne et les côtes
nord-ouest de l’Amérique. Par conséquent les signes ozomatli et ocelotl- rendent
singulièrement probable que les zodiaques des Toltèques, des Aztèques, des
Mogols, des Tibétains, et de tant d’autres peuples qui sont séparés aujourd’hui
par une vaste étendue de pays, ont pris naissance sur un même point de
l ’ancien continent.
Les mansions lunaires des Hindoux, dans lesquelles nous trouvons aussi
un singe, un serpent, une queue de chien et la tête d’une gazelle ou dun
monstre marin, offrent encore d’autres signes dont les noms rappellent ceux
de catti, acatl, tecpatl et ollin du calendrier mexicain.
NAKCHATRAS INDIENS. SIGNES MEXICAINS.
Maglia, maison.
Venou., canne.
Critica, rasoir.
( S pavana, trois empreintes de pieds.)
CaUi, maison.
Acatl, canne.
Tecpatl, silex, couteau de pierre.
(Ollin, mouvement du soleil, figuré par
trois empreintes de pieds. )
Nous observerons d’abord que le mot aztèque caUi a la même signification
que le Ttuala ou kôtta1 des Wogouls qui habitent les rives du Kama et de
l’Irtisch, comme atei (eau) en aztèque, et itels (rivière) en vilele, rappellent
les mots atl, atelch, etel ou idei (rivière) dans la langue des Tartares Mogols,
Tscheremisses et Tschouwasses \ La dénomination de calli, maison, désigne
» Va tb r , Amer. Bev'oUter., S. 160.
’ Ehgel, Ungar. Gesch., T. i , S. 546,56t. Georgi, Reìsen, B. n , p. go4- Thwrocz, Chron. Hungaror., p. 4g.
très-bien une station ou hôtellerie lunaire (en arabe, mendzil el kamar ), un
téuf de repos. C’est ainsi que, parmi les nakchatras indiens, outre les maisons
(rnagha et punarvasu), on trouve aussi des bois de lit et des couchettes.
Le signe mexicain acatl, canne, est généralement figuré comme deux
roseaux liés ensemble*. Mais la pierre trouvée à Mexico én 1790, et qui
offrè les hiéroglyphes des jours, représente le signe acatl d’une manière
très-différente. On y reconnoît un faisceau de joncs, ou une gerbe de maïs
renfermée 4ans un vase. Nous rappellerons à cette occasion que, dans la
première période de treize jours de l’année tochtli, le signe acatl est constamment
accompagné de Cinteotl, qui est la déesse du maïs, Cérès, la divinité
qui préside à l’agriculture: Chez les peuples occidentaux, Cérès est placée dans
le cinquième dodecatemorion : on trouve même des zodiaques très-anciens
dans lesquels un faisceau d’épis 1 remplit toute la place que devoient occuper
Cérès, Isis, Astrée ou Erigone, dans le signe des moissons et. des vendanges.
C est'ainsi que, depuis une haute antiquité, chez les peuples les plus éloignés,
nous trouvons les mêmes idées, les mêmes symboles, la même tendance à
ramener les phénomènes physiques à l ’influence mystérieuse des astres.
L hiéroglyphe mexicain tecpatl indique une pierre tranchante de forme '
ovale, allongée vers ses deux extrémités, semblable à celles dont on se servoit
comme couteau ou que l’on attachoit au bout d’une pique. Ce signe rappelle
le critica, ou couteau tranchant du zodiaque lunaire des Hindoux. Sur la
grande pierre réprésentée Planche x xm , l’hiéroglyphe tecpatl est figuré d’une
manière qui diffère un peu de la forme que l’on donne ordinairement à cet
instrument. Le silex est percé au centre, et l’ouverture paroît destinée à recevoir
la main du guerrier qui se sert de cette arme à deux pointes. On sait que les
Américains avoient un art particulier pour percer les pierres les plus dures et
pour les travailler par frottement. J’ai rapporté de l’Amérique méridionale, et
j’ai déposé au Musée de Berlin un anneau d’obsidienne qui a servi dé bracelet
a une jeune fille, et qui forme un cylindre creux de près de sept centimètres
d ouverture, de quatre centimètres de hauteur, et dont l’épaisseur n’est pas de
trois millimètres. On a de la peine à concevoir comment une masse vitreuse et
fragile a pu être réduite à l’état d’une lame si mince. Le tecpatl diffère d’ailleurs
1 Planche xxvir.
* Idblbr, Sternnamen, S. 172. Duruis, Origine des Cultes, Tom. 11, pag. 22:8-254- Atlas, n.°6.