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distribution symétrique des niches, et l’absence totale des ornemens extérieurs.
Cette uniformité de construction est:si grande, que toutes lès hôtelleries
( tambos) placées le long des grandes routes, et appelées dans le pays des
maisons ou palais de l’Inca, paraissent avoir été copiées les unes des autres.
L ’architecture péruvienne ne s’elevolt pas au delà des besoins d’un peuple
montagnard; elle ne connoissoit ni pilastres, ni colonnes, ni arcs en plein
ceintre : née dans un pays hérissé de rochers, sur des plateaux presque dénués
d’arbres, elle n’imitoit pas, comme l ’architecture des Grecs et des Romains,
l’assemblage d’une charpente en bois : simplicité, symétrie et solidité, voilà ¡les
trois caractères par lesquels se distinguent avantageusement tous lès édifices
péruviens.
La citadelle du Cañar et les bâtimens carrésrqüi l’entourent, ne sont
pas construits de ce même grès quartzeux qui recouvre le schiste argileux et
les porphyres de lAssuay, et qui paroît au jour dans le jardin de l’Inca, en
descendant vers la vallée de Guian. Les pierres qui ont servi aux édifices
du Cañar, ne sont pas non plus du granité, comme M. de La Condamine l’a
cru, mais un porphyre trapeen d’une grande dureté, enchâssant du feldspath
vitreux et de 1 amphibole. Peut-etre ce porphyre a - t - il été arraché des
grandes carrières que l ’on trouve à quatre mille mètres de hauteur, près du
lac de la Culebrilla, à une distance de plus de trois lieues du Cañar : il est
certain du moins que ces carrières ont fourni la belle pierre employée dans la
maison de 1 Inca , située dans la plaine de Pallal, à une élévation qui égale
presque celle qu auroit le Puy-de-Dôme placé sur le sommet du Canigou.
On ne trouve point dans les ruines du Cañar de ces pierres d’une énorme
grandeur qu offrent les édifices péruviens du Cuzco et des pays voisins. Acosta
en a mesuré à Traquanaco qui avoient douze mètres ( trente -huit pieds ) de
long, sur 5“-8 (dix-huit pieds) de large, et i “ ^ (six pieds) d’épaisseur. Pedro
Cieça de Léon en vit des mêmes dimensions dans les ruines de Tiahuanaco *.
Dans la citadelle du Cañar, je n’ai pas observé de pierres qui eussent au
delà de vingt-six décimètres (huit pieds) de longueur. Elles sont, en général,
bien moins remarquables par leur masse que par l’extrême beauté de leur
coupe : la plupart sont jointes sans aucune apparence de ciment ; cependant on
reconnoît ce dernier dans quelques-uns des bâtimens qui entourent la citadelle,
1 Giega, Chronica d d Peru (Anvers, i554), p. 254