soixante-une petites périodes de treize jours. L ’année mexicaine commençoit
la première année du xiuhmolpiüi, lë jour qui correspond au 9 janvier du
calendrier grégorien. La cinquième, la neuvième et la treizième année du cycle,
le premier jour de l’an étoit le 8, le 7 et le 6 janvier : à chaque année du signe
tochtli, les Mexicains perdoient un jour; et, par l'effet de cette rétrogradation,
l’année calli de la quatrième indiction commençoit le 27 décembre, et finissoit
au solstice d’hiver, le 21 décembre, en ne faisant pas entrer en ligne de
compte les cinq jours inutiles ou complémentaires. 11 en résulte que le dernier
des nemontemi, appelé cohuatl (serpent), et regardé comme le jour le plus
malheureux, parce qu’il n’appartient à aucune période de treize jours tombe
à la fin du Cycle sur le 26 décembre, et que treize jours intercalaires ramènent
le commencement de l ’année au 9 janvier. Pour rendre plus clair ce que nous
venons d’exposer, nous ajouterons ici le tableau des derniersvvingt-cinq jours
de la première année d’un cycle.
L intercalation de treize jours donnoit lieu à la grande fête séculaire appelée
xiuhmolpia ou- toxiuhmolpilia (ligature de nos années), et décrite par tous
les historiens de la conquête. Les Mexicains croyoient, d’après une prédiction
très-ancienne, que la fin du monde arriveroit à la fin d’un cycle de cinquante-
deux ans ; que le soleil ne repàroîtroit plus sur l ’horizon, et que les hommes
seroient dévorés par des génies malfaisans et d une figure hideuse, connus sous
le nom de Tzitzimimes.J^£te croyance ténoit sans doute à la tradition toltèque
des quatre a'ges, d après ■ laquelle la terre avoit déjà subi quatre grandes
révolutions, dont trois étoient arrivées à- la fin d’un cycle. Le peuple passoit
dans une. profonde consternation les , cinq jours épagomènes qui précédoient le
xiuhmolpia: le cinquième jour, le feu sacré étoit éteint dans les temples, par
ordre du teoieuctli, ou grand-prêtre : dans les couvens, dont Je .nombre étoit
aussi considérable à Ténochtitlan qu’il l ’est depuis les temps les plus reculés
au Tibet et au Japon, les religieux ou tlamacazquis se livroient à la prière :
à l ’approche.de la nuit, personne n’osoit allumer du feu dans sa maison; on
brisoit les vases d’argile, on déchiroit ses habits, on détruisoit ce qü’on
possédoit de plus précieux, parce que tout paroissoit* inutile au moment
terrible du dernier jour. Par une superstition bizarre, les femmes enceintes
devenoient des objets d’épouvante pour les hommes : on leur cachoitla figure
sous des masques faits de papier d'agave : on les ehfermoit même dans les
magasins de maïs, parce qu’on étoit persuadé que si le cataclysme avoit
lieu, les femmes transformées en tigres se joindroient aux génies malfaisans
( tzitzimimes) pour se venger de l ’injustice des hommes.
C étoit dans la soirée du dernier jour des nemontemi, qui est présidé par le
sigue du serpent, que commençoit la fête du feu nouveau. Les prêtres prenoient
les vêtemens de leurs dieux; et, suivis d’une immense foule de peuple, ils
alloient, en procession solennelle, à la montagne de Huixachtecatl % située à
deux lieues de Mexico, entre Iztapallapan et Culhuacan. Cette marche lugubre
s appeloit la. marche des dieux, teonenemi, dénomination qui rappeloit aux
Mexicains que les dieux quittaient leur ville, et que peut-être ils ne les
revérroient plus. Lorsqu’on étoit' arrivé à la cime de la montagne porphyritique
’ Torquemada, de una Fiesta grandissima, Lib. x , c. 35-3 6 , Tom. n , pag. 3i2 et 5a 1. A co s ta , Lib. v i,
c.2 , pag. 25g.
* Vixachtla, d’après Gomara, Conijuista, fol. i 53 (a)..