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 Mexicains,  et  un  calendrier  fait  au  commencement  de  la  conquête,  dans  
 lequel  les  hiéroglyphes  simples  des  jours  se  trouvent  réunis  à  des  figures  de  
 saints,  peintes  en  styl#  aztèque. 
 La bibliothèque  du  Vatican  à  Rome  possède,  dans  la  collection  précieuse  
 de  ses  manuscrits,  deux  codices  mexicani,  sous  les  numéros  3y38  et  37-y6  
 du  catalogue.  Ces  recueils,  de  même  que  le  manuscrit  de  Veletri,  sont  
 restés  inconnus  au  docteur  Robertson,  lorsqu’il  a  fait  l’énumération  des  peintures  
 mexicaines  conservées  dans  les  différentes  bibliothèques  de  l ’Europe.  
 Mercatus  ',  dans  sa  description  des  obélisques  de  Rome,  rapporte  que,  vers  
 la  fin  du  seizième  siècle,  il  existoit  au  Vatican  deux  recueils  de  peintures  
 originales  :  on  peut  croire  qu’un  de  ces  recueils  est  entièrement  perdu.,  à  
 moins  que  ce  ne  soit celui  que  l’on montre  à la  bibliothèque  de  l’institut  de  
 Bologne ;  l’autre  a  été  retrouvé en  1785,  par  le  jésuite Fabrega, après  quinze  
 années  de  recherches. 
 Le  codex-  vaticanus  n.°  3776,  dont  Acosta  et  Kircher  ont  déjà  fait  
 mention®,  a  7*,87  ou  trente-un  palmes  et  demi  de  long,  et ©”',19  ou  sept  
 pouces  en  carré  :  ses  quarante-huit  replis  forment  quatre-vingt-seize  pages  
 ou  autant  de  divisions  tracées  des  deux  côtés  de  plusieurs  peaux  de  cerfs  
 collées  ensemble :  chaque  page  est  subdivisée  en  deux  cases ;  mais  tout  le  
 manuscrit ne  renferme  que  cent  soixante-seize  de  ces  cases,  parce  que  les  
 premières  huit  pages  contiennent  les  hiéroglyphes  simples  des  jours,  rangés  
 en  séries  parallèles  et rapprochées  les  unes  des  autres.  La  treizième  Planche  
 de  l’Atlas  pittoresque  présente  la  copie  exacte  d’un  de  ces  replis  ou  d’une  
 page  du  codex  vaticanus  :  comme  toutes  les  pages  se  ressemblent,  quant  à  
 l’arrangement  général,  cette  copie  suffit pour  faire  connoître  le  livre  entier. 
 Le bord  de chaque repli  est divisé en vingt-six  petites cases qui  contiennent  
 les  hiéroglyphes simples  des  jours  : ces hiéroglyphes  sont  au nombre  de  vingt,  
 qui  forment  des  séries  périodiques.  Comme  les  petits  cycles  sont  de  treize  
 jours,  il  en  résulte  que  la  série  des  hiéroglyphes  passe  d’un  cycle  à  l’autre.  
 Tout  le  codex  vaticanus  contient  cent  soixante-seize de  ces  petits  cycles,  ou  
 deux  mille  deux  cent  quatre-vingt-dix  jours.  Nous  n’entrerons  ici  dans  aucun  
 détail  sur  ces  subdivisions  du  temps,  nous  proposant  de  donner  plus  bas 
 *  Mercatus ,  degli  Obeliscfai  di  Roma,  C.  II  ,  p.  96. 
 3  Zoega ,  de  Orig.  Oheliscor.f  p.  53i. 
 l’explication  du  calendrier  mexicain,  l ’un  des  plus  compliqués ,  mais  aussi  
 l’un  des  plus  ingénieux  que  présente  l’histoire  de  l ’astronomie.  Chaque  page  
 offre, dans les deux subdivisions dont  nous  avons déjà  parlé,  deux  groupes  de  
 figures mythologiques. On se perdroit dans de vaines conjectures,  si l’on vouloit  
 interpréter  ces  allégories,  les  manuscrits  de  Rome,  de  Veletri,  de  Bologne  
 et de Vienne  étant dépourvus  de  ces notes  explicatives  que  le vice-roi Mendoza  
 avoit  fait  ajouter  au  manuscrit  publié  par  Purchas.  Il  seroit  à  désirer  que  
 quelque  gouvernement  voulût  faire publier  à  ses  frais  ces  restes  de  l’ancienne  
 civilisation américaine:  c’est par la comparaison de plusieurs monumens,  qu’on  
 parviendroit  à  deviner  le  sens de  ces  allégories,  en  partie  astronomiques,  en  
 partie  mystiques.  Si  de  toutes  les  antiquités  grecques  et romaines  il  ne  nous  
 étoit resté  que  quelques  pierres gravées  ou des  monnoies  isolées,  les  allusions  
 les  plus  simples  auroient  échappé  à  la  sagacité  des  antiquaires.  Que  de  jour  
 l’étude  des  bas  reliefs  n’a-t-elle  pas  répandu sur  celle des  monnoies ? 
 Zoega,  Fabrega,  et  d’autres  savans  qui  se  sont  occupés  en  Italie  des  
 manuscrits mexicains,  regardent  le  codex  vaticanus,  de même  que  celui  de  
 Veletri,  comme des  tonalamatls ou almanachs  rituels,  c’est-à-dire,  comme  des  
 livres  qui  indiquoient  au  peuple,  pour  un  espace  de  plusieurs  années,  les  
 divinités  qui  présidoient aux petits  cycles  de  treize  jours,  et qui  gouvernoient  
 pendant  ce  temps  la  destinée  des  hommes,  les  cérémonies  religieuses  qu’on  
 devoit  pratiquer,  et  surtout  les  offrandes  qui  devoient  être  portées  aux  idoles. 
 La  treizième  Planche  de mon Atlas,  qui  est  la  copie  de  la  quatre-vingt-  
 seizième  page  du  codex  vaticanus,  représente  à  gauche  une  adoration :  la  
 divinité a  un  casque  dont les  ornemens  sont  très-remarquables ;  elle  est  assise  
 sur  un  petit  banc  appelé  icpalli,  devant  un  temple  dont  on  n’a  figuré  que  
 la  cime  ou  la  petite  chapelle  placée  au  haut  de  la  pyramide.  L ’adoration  
 consistoit  au  Mexique,  comme  en  Orient,  dans  la  cérémonie  de  toucher  le  
 sol  de  sa  main  droite,  et  de  porter  cette  main  à  la  bouche.  Dans  le  dessin  
 n.°  1 ,  l’hommage  est  rendu par  une  génuflexion :  la  pose de  la  figure  qui  se  
 prosterne  devant  le  temple  se  retrouve  dans  plusieurs peintures  des  Hindoux. 
 Le  groupe  n.°  u   représente  la  célèbre femme  au  serpent,  Cihuacohuatl,  
 appelée  aussi  Quilaztli  ou  Tonacacihua,  femme  de  notre  chair :  elle  est  la  
 compagne  de  Tonacateuctli.  Les  Mexicains  la  regardoient  comme la mère  du  
 genre  humain,  et  après  le  dieu  du  paradis  céleste,  Ometeuctli, elle  occupbit