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avoient été faites pour observer si quelque ennemi vouloit tenter unfe attaque
contre la troupe de l’Inca.
PLANCHE XXY.
L e Chimborazo, vu depuis le plateau de Tapia.
La. montagne a été dessinée telle qu’elle se découvre dans la plaine aride
de Tapia, près du village de Lican, l’ancienne résidence des souverains de
Quito, avant la conquête de l’inca Tupac-Yupanqui. Il y. a à peu /près cinq
lieues en ligne droite de Lican au sommet du Chimborazo.’ La Planche x v i
représente cette montagne colossale environnée d’une zone de neiges perpétuelles
qui, près de l’équateur, se soutiennent à la hauteur de.quatre mille huit
cents mètres au-dessus du niveau de la mer. La Planche x x v offre le
Chimborazo, comme nous l’avons vu après une chute de neige des plus
abondantes, l e -24. juin 1802, jour qui suivit immédiatement celui de notre
excursion vers la cime. Il m’a paru intéressant de donner une idée précise
de l’aspect imposant des Cordillères, aux deux époques du maximum et du
minimum de la hauteur des neiges.
Les voyageurs qui ont vu de près les sommets du Mont-Blanc et du
Mont-Rose, sont seuls capables de saisir le-caractère de cette scène imposante,
calme et majestueuse. La masse du Chimborazo est si énorme, que la
partie que l’oeil embrasse à la fois près delà limite des neiges éternelles, a sept
mille mètres de largeur. L ’extrême rareté des couches d’air, à travers lesquelles
on voit les cimes des Andes, contribue' beaucoup à l ’éclat de la neige et à
l’effet magique de son reflet. Sous les tropiques, à une-hauteur de cinq mille
mètres, la voûte azurée du ciel paroît d’une teinte d’indigo*. Les contours de
la montagne se détachent du fond de cette atmosphère pure et transparente,
tandis que les couches inférieures de l’air, celles qui reposent sur un plateau
dénué d’herbes, et qui renvoie le calorique rayonnant, sont vaporeuses, et
semblent voiler les derniers plans du paysage.
Le plateau de Tapia, qui s’étend à l’est jusqu’au pied de l’Altar et du
1 Essai politique sur la Nouvellc-Espagne, Vol. i , pag. lxxvxi.
’ Voyez ma Géographie des Plantes, pag. 17.