signe étoit pour les Mexicains ce que le catastérisme d'aries étoit pour les
Perses. Chez tous les peuples, l’astrologie indique la position du soleil au
moment où les astres commencent leur cours; et, en parlant plus haut1 des
rapports qu’on observe entre la fiction des âges et la signification de 1 hiéroglyphe
oUin, nous avons rendu probable que tochtli correspond à l’un des points
solsticiaux.
D’après le système des Mexicains, lés quatre grandes révolutions de la
nature sont causées parles quatre élémens ; la première catastrophe est
l’anéantissement de la force productrice de la terre; les trois autres sont
dues à l’action du feu, de l’air et de l ’eau. Après chaque destruction, l ’espèce
humaine est régénérée, et tout ce qui n’a pas péri de la race ancienne est
transformé en oiseaux, en singes ou en poissons. Ces transformations , rappellent
encore les traditions de l’Orient: mais dans le système des Hindoux, les âges ou
yougas se terminent tous par des inondations; et dans celui des Egyptiens*,
les cataclysmes alternent avec des conflagrations, et les hommes se sauvent tantôt
sur les montagnes, tantôt dans les vallées. Ce seroitnous écarter de notre sujet ,
que d’exposer ici les petites révolutions locales arrivées à plusieurs reprises dans
la partie montueuse de la Grèce3, ét de discuter le fameux passage du second livre
d’Hérodote, qui a tant exercé la sagacité des commentateurs. Il paroît assez certain
que, dans ce passage, il n’est pas question d' apocatastases , mais de quatre
changemens (apparens) arrivés dans les lieux du coucher et du lever du soleil4
et causés par la précession des équinoxes .
Comme on pourroit être surpris de trouver cinq âges ou soleils chez les peuples
du Mexique, tandis que les Hindoux et les Grecs n’en admettent que quatre,
il est utile de faire remarquer ici que la cosmogonie des Mexicains s’accorde
avec celle des Tibétains qui regarde aussi l ’âge présent comme le cinquième.
En examinant avec attention le beau morceau d’Hésiode 6, dans lequel il
expose le système oriental du renouvellement de la nature, on voit que ce
» Pag. 164. et 191.
* Tihæos, cap. 5 (P la to n . Oper. i678, ed. Serran., Ton), m , pag. 22). De Legib., Lib. n i ( Op.
omn., Tom. n , pag. 676-679). Oaigenes contra Celsum, Lib. 1,. e. 20; Lib. iv , c. 20 ( ed. Delanie,
pag. 338 et 5) ¡4).
* Abist. Meteor., Lib. 1, c. M ( Op. omn., ed. Duval, i 63g , pag. 770).
* Herod., Lib. h , c. 142 (L archbr, 1802, Tom. n , pag. 482).
5 Dupdis , Mémoire explicatif du zodiaque, pag. 3y et 5g.
0 Hesiod. Opéra et dies, v. 174 (Op. omn., ed.Cleric., 1701, pag. 224 ).
poète compte effectivement cinq générations en quatre âges. Il divise le siècle de
bronze en deux parties qui embrassent la troisième et la quatrième génération
et l’on peut être surpris qu’un passage si clair ait quelquefois été mal
interprété Nous ignorons quel étoit le nombre des âges rapportés dans les
livres de la Sybffle** mais ¿pus pensons que les analogies que nous venons
d'indiquer ne sont pas accidentelles, et qu’il n’est pas sans intérêt pour l’histoire
philosophique de l’homme de voir les mêmes fictions répandues depuis l’Étrurie
et.le Latium jusqu'au Tibet, et.de là jusque sur le dos des Cordillères du
Mexique.
Outre la tradition des quatre soleils, et les costumes que nous avons
décrits plus haut4, le Cod. Vatican. anon., n. 3^58, contient encore plusieurs
figures curieuses, parmi lesquelles nous citerons :fol. 4, le chichiuhalquehuitl,
arbre de lait ou arbre céleste, qui distille du lait de l ’extrémité de ses
branches, et autour duquel sont assis les enfans morts peu de jours après
leur naissance; fol. 5 , une dent molaire, peut-être de mastodonte, du poids
de trois livres, donnée, en 1S64, par le P. Rios, au vice-roi Don Luis de
Velasco ; fol. 8, le volcan Cotcitepetl, montagne qui parle, fameux par les
exercices de pénitence de Quetzalcohuatl, et désigné par une bouche et une
langùe qui sont les hiéroglyphes de la parole;fol. 10, la pyramide de Cholula;
et fol. 67, les sept chefs des sept tribus mexicaines, vêtus de peaux de lapin et
sortant des sept cavernes de Chicomoztoc. De la feuille 68 à la feuille g3, ce
manuscrit renferme des copies de peintures hiéroglyphiques composées après
la conquête : on y voit des indigènes pendus à des arbres, tenant des croix
en main; des soldats de Cortez à cheval mettant le feu à un village; des moinës
qui baptisent de malheureux Indiens au moment où on les jette dans l ’eau
pour les faire périr. A ces traits on reconnoît l’arrivée des Européens dans le
nouveau monde.
■ Hesiod., v. i43 et i55.
1 Fabricii Bibl. grasca, Hamb., >790, Vol. 1, pag. 246.
5 Virg . Bucol., vt, y. 4 ( ed. Hejne, Lond 1798, Vol. 1 , p. 74 et 8 1)..
4 PaS- 87-