se trouvent les peuples lorsqu’ils commencent à perfectionner leur
état social.
Il a été impossible jusqu’ici de marquer l'époque des communications
entre les habitans des deux mondes; il seroit téméraire de désigner
le groupe de peuples de l ’ancien continent avec lequel les Toltèques,
les A z tèques ,lesM uy sca s o u ïe s Péruviens offrent le plus de rapports,
puisque ces rapports se manifestent dans des traditions, des monumens
et des usages qui p eut-ê tre sont antérieurs à la division actuelle
des Asiatiques en Mogols, en Hindoux, en Tongousës et en Chinois.
Lors de la découverte du nouveau mon de, o u , pour mieux
dire, lors de la première invasion des Espagnols, les peuples
américains, les plus avancés dans la cu ltu re , étoient des peuples
montagnards. Des hommes nés dans les plaines sous des climats
tempérés, avoient suivi le dos des Cordillères qui s’élèvent à mesure
qu’elles se rapprochent de l’équateur. Ils trouvoient dans ces hautes
régions une température et des plantes qui ressembloient à celles de
leur pays natal.
Le s facultés se développent plus facilement partout où l ’homme,
fixé sur un sol moins fertile, et forcé de lutter contre les obstacles
que lui oppose la nature, ne succombe pas à cette lutte prolongée. A u
Caucase et dans l’Asie centrale, les montagnes arides offrent un réfuge
à des peuples libres et barbares. D ans la partie équinoxiale de rAmérique
où des savanes toujours vertes sont suspendues au-dessus de la région
des nuages, on n’a trouvé des peuples policés qu’au sein des
Cordillères : leurs premiers progrès dans les arts y étoient aussi
anciens que la forme bizarre de leurs gouvernemens qui ne favorisoient
pas la liberté individuelle.
L e nouveau continent, de même que lA s ie et l ’Afrique, présente
plusieurs centres d’une civilisation primitive dont nous ignorons
les rapports mutuels, comme ceux de Méroé, du T ib e t et de la Chine.
L e Mexique reçoit sa culture d’un pays situé vers le nord; dans
l’Amérique méridionale, les grands édifices de Tiahuanàco ont servi de
modèles aux monumens que les încas élevèrent au Couzco. Au milieu
des vastes plaines du Haut-Canada, ën Floride et dans le désert limité
par l’O rénoque, le Cassiquiàré et le Guainia, dès digues d’une longueur
considérable, des armes de bronze et des pierres sculptées annoncent
que des peuples industrieux ont habité jadis ces mêmes contrées que
traversent aujourd’hui des hordes de sauvages chasseùrs.
L a distribution inégale des animaux sur le globe a exercé une
grande influence sur le sort des nations et sur leur acheminement
plus ou moins rapide vers la civilisation. Dans l’ancien continent, la
vie pastorale forme le passage de la vie des peuples chasseurs à celle
des peuples agricoles. Les ruminans, si faciles à acclimatër sous toutes
les zones, ont suivi le Nègre africain comme le Mogol, le Malaye et
l ’homme de la race du Caucase. Quoique plusieùrs quadrupèdes et un
plus grand nombre de végétaux soient communs aux parties les plus
septentrionales des deux mondes, l’Amérique rie présente cependant,
dans la famille des boeufs, que le bison et le boeuf musqué, deux animaux
difficiles à subjuguer, et dont les femelles rie donnent que peu de lait,
malgré la richesse des pâturages. L e chasseur américain netoit pas
préparé, à l’agriculture par le soin des troupéaux ét les habitudes de
la vie pastorale. Jamais l’habitant des Arides n’a été tenté de traire le
lama, l ’alpaca et le gùanaco. L e laitage étoit jadis une nourriture
inconnue aux Américains1, comiiie à plusieurs peuples de l’Asie
orientale.
Nulle part on n’a vu le sauvage libre et errant dans les forêts
de la zone tempérée abandonner,' de son g ré , la vie de chasseur
pour embrasser la vie agricole. Ce passage, le plus difficile et le
plus important dans l ’histoire des sociétés humaines, ne peut être
amené que par la force des circonstances. Lorsque, dans leurs migrations
lointaines, des hordes de chasseurs., poussées par d’autres hordes
belliqueuses, parviennent dans lés plaines de la zone équinoxiale,
d