phère austral, sur le dos de la Cordillère des Andes, M. Osterwald, aidé
par un géomètre distingué, M. Tralles, dessinoit, d’après une- méthode
analogue, la chaîne des Alpes de la Suisse, telle qu’elle se présente Tue des
bords du lac de Neuchâtel. Cette Tue, qu’on rient de publier, est d’une telle
exactitude, que la distance de chaque cime étant connue, on troureroit leur
hauteur relative, en n’employant dans le calcul que la simple mesure des
contours du dessin. M. Tralles s’est servi d’un cercle répétiteur. Les angles
par lesquels j’ai déterminé la grandeur des différentes parties d’une montagne
ont été pris avec un sextant de Ramsden, dont le limbe indiquoit
avec certitude six à huit secondes. En répétant ce travail de siècle en
siècle, on parviendroit à connoître les changemens accidentels qu’éprouve la .
surface du globe. Dans un pays exposé aux tremblemens de terre, et
bouleversé par des volcans, il est très-difficile de résoudre la question si les
montagnes s’affaissent, ou si, par des éjections de cendres et de scories,
elles augmentent insensiblement. De simples angles de hauteur, pris dans
des stations déterminées, éclairciraient cette question bien mieux qu’une
mesure trigonométrique complète, dont le résultat est affecté, à la fois, des
erreurs que l’on peut commettre dans la mesure de la base et dans celle des
angles obliques.
En comparant l ’aspect des montagnes dans les deux continens, on découvre
une analogie de forme à laquelle on croirait ne pas devoir s’attendre, lorsqu’on
réfléchit sur le concours des forces qui, dans le monde primitif, ont agi
tumultueusement sur la surface ramollie de notre planète. Le feu des volcans
élevé des cônes de cendre et de pierre ponce, où il parvient à se faire jour
à travers un cratère ; des boursouflures semblables â des dômes d’une grandeur
extraordinaire, paraissent dues à la seule force expansive des vapeurs élastiques
; des tremblemens de terre ont soulevé ou redressé des couches remplies
de coquilles marines ; des courans pélagiques ont sillonné le fond des bassins
qui forment aujourd’hui des vallées circulaires ou des plateaux entourés de
montagnes. Chaque contrée du globe a sa physionomie particulière ; mais au
milieu de ces traits caractéristiques, qui rendent l’aspect de la nature si riche
et si varié, on est frappé d’une ressemblance de forme qui se fonde sur une
identité de causes et de circonstances locales. En naviguant entre les îles
Canaries, en observant les cônes basaltiques de Lancerote, de lAlegranza et
de la Graciosa, on croit voir le groupe des monts Euganéens ou les collines
trappéenneside la Bohême. Les granités, les schistes micacés, les grès anciens,
les formations calcaires que les minéralogistes désignent sous les noms de
formation du Jura, dès hautes Alpes, ou de calcaire de transition, donnent
un caractère particulier au contour des grandes masses, aux déchiremens
de la crête des Andes, des Pyrénées et de l'Oral. Partout la nature des
roches a modifié la forme extérieure des montagnes.
Le Cotopaxi, dont la cime est représentée dans la dixième Planche, est
le plus élevé, de ces volcans des Andes, qui, à des époques récentes, ont
eu des éruptions. Sa hauteur absolue est de cinq mille sept cent cinquantequatre
mètres (deux mille neuf cent cinquante-deux toisés): elle est doublé
de celle-du Camgou ; elle surpasse par conséquent de huit cents mètres
la hauteur qu’auroit le Vésuve, - s’il étoit placé sur le sommet du pic de
Ténériffe. Le Cotopaxi est aussi le plus redouté de tous les volcans du
royaume de Quito: o’est celui dont les explosions ont été les plus fréquentés
et les plus dévastatrices. En considérant la masse, de scories et les quartiers
de rochers lancés par çe volcan, et dont les vallées environnantes sont
couvertes, sur une étendue de plusieurs Ueues carrées, on doit croire que
leur réunion formerait une montagne colossale. En 1, 58, les flammes du
Cotopaxi s'élevèrent, au-dessus du bord du cratère, à la hauteur de neuf
cents mètres. En 1744, le mugissement du volcan frit entendu jusqu’à Honda,
ville située sur les bords de la rivière de la Madeleine, à une distance de
deux cents lieues communes. Le 4 avril 1768, la quantité de cendres vomies
par la bouche du Cotopaxi fut si grande, que dans les villes d’Hambato et
de Tacunga, la nuit se prolongea jusqu’à trois heures du. soir, et que les
habitans furent obligés d’aller avec des lanternes dans les rues. L ’explosion
qui arriva au mois de janvier i 8o3 fut précédée d’un phénomène effrayant,
celui de la fonte subite des neiges qui couvrent la montagne. Depuis plus
de vingt ans aucune fumée , aucune vapeur visible n’étoit sortie du cratère,
et dans une seule nuit le feu souterrain devint si actif, qu’au soleil levant
les parois extérieures du cône, élevées sans doute à une température très-
considérable, se montrèrent à nu, et sous la couleur noire qui est propre
aux scories vitrifiées. Au port de Guayaquil, dans un éloignement de
cinquante-deux lieues en ligne droite du bord du cratère, nous entendîmes