Une tradition de cinq dges, analogue à celle des Mexicains-, se retrouve sur le
plateau du Tibet S'il est vrai que cette fiction astrologique, qui est devenue la
base d'un système particulier de cosmogonie, a pris naissance dans l’Hindoustân,
il est probable aussi que, de là, par l’Iran et la Chaldée, elle a passé aux peuples
occidentaux. On ne sauroit méepnnottre une certaine ressemblance entre la
tradition indienne des yougas et des Indpas, les cycles des anciens habitans de
l’Étrurie, et cette série de générations détruites, caractérisées par Hésiode
sous l’emblème de quatre métaux.
« Les peuples de Culhua ou du Mexique, dit Gomara1 qui écrivoit au milieu
du seizième siècle, croient, d’après leurs peintures hiéroglyphiques, qu’avant
le soleil qui les éclaire maintenant, il y en a déjà eu quatre qui se sont éteints
les uns après les autres. Ces cinq soleils sont autant d’âges dans lesquels
notre espèce a été anéantie par des inondations, par des tremblemens dé
terre, par un embrasement général et par l ’effet des ouragans. Après la
destruction du quatrième soleil, le monde a été plongé dans les ténèbres
pendant l’espace de vingt-cinq ans. C’est au milieu de cette nuit profonde,
dix ans avant l’apparition du cinquième soleil, que le genre humain a été
régénéré. Alors les dieux, pour la cinquième fois, ont créé un homme et une
femme. Le jour où parut le dernier soleil, porta le signe tochtli (lapin),
et les Mexicains comptent huit cent cinquante ans, depuis cette époque
jusqu en i 55a. Leurs annales remontent jusqu’au • cinquième soleil. Ils se
servoient de peintures historiques (escritura. pintadaj, même dans les quatre âges
précédens ; mais ces peintures, à ce qu’ils affirment, ont été détruites, parce
qua chaque âge tout doit être renouvelé.» D’après Torquemada3, cette fable
sur la révolution des temps et la régénération de la nature, est d’origine
toltèque : c est une tradition nationale qui appartient à ce groupe de peuples
que nous connoissons sous les noms de Toltèques, Cicimèques, Acolhues,
Nahuatlaques, Tlascaltèques et Aztèques, et qui, parlant une même langue, ont
reflué du nord au sud depuis le milieu du sixième siècle de notre ère.
En examinant à Rome‘le Cod. Vaticanus, n. 3^38, copié en i 566 par
un religieux dominicain, Pedro de los Rios4, j ’ai trouvé le dessin mexicain que
* Geokci Alphab. Tibetanum, pag. 220.
2 Gomara, Conquista, fol. exiac.
' T o rquemada, Vol. i , pag. 4.0; Vol. n , pag. 83.
4 Voyez plus haut pag. 82 et 87.