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Le palais de Montezuma même étoit à droite de la cathédrale, vis-à-vis le palais
actuel du vice-roi. J'ai cru utile d’indiquer ces localités, parce qu’elles ne sont
pas sans intérêt pour ceux qui s’occupent de l’histoire de la conquête du Mexique.
La Plaza mayor, qu’il ne faut pas confondre avec le grand marché de
Tlatelolco, décrit par Cortez, dans ses lettres à l’empereur Gharles-Quint, est
ornée, depuis l ’année i 8o3, de la statue équestre du roi Charles iv , exécutée aux
frais du vice-roi marquis de Branciforte. Cette statue en bronze est d’une grande
pureté de style, et de la plus belle exécution : elle a été dessinée, modelée,
fondue et placée par le même artiste, Don Manuel Toisa, natif de Valence, en
Espagne, et directeur de la classe de sculpture de l’académie dès beaux-arts à
Mexico. On ne sait ce qu’on doit le plus admirer, ou du talent de cet artiste, ou
du courage et de la persévérance qu’il a déployés, dans un pays où tout restait
à créer, et dans lequel il lui a fallu vaincre les obstacles les plus multipliés. Ce
bel ouvrage a réussi dès la première fonte. La statue pèse près de vingt-trois
mille kilogrammes; sa hauteur excède de deux décimètres celle de la statue
équestre de Louis x i v , qui étoit à la place Vendôme, à Paris. On a eu
le bon goût de ne pas dorer le cheval ; on s’ est contenté de l’enduire d’un vernis
de couleur olivâtre, qui tire sur le brun. Comme les édifices qui entourent la
place, sont en général peu élevés, on voit la statue projetée contre le ciel,
circonstance qui, sur le dos des Cordillères, où l’atmosphère est d’un bleu
très-foncé, produit l ’effet le plus pittoresque. J’ai assisté au transport de cette masse
énorme, depuis l ’endroit de sa fonte, jusqu’à la Plaza mayor. Elle a traversé
une distance d’environ seize cents mètres, en cinq jours. Les moyens mécaniques
que M. Toisa a employés pour l ’élever sur le piédestal d’un beau marbre
mexicain, sont très-ingénieux, et mériteroient une description détaillée.
La grande place de Mexico est aujourd’hui d’une forme irrégulière, depuis
que, contre le plan de Cortez, on y a construit le carré qui renferme les boutiques
du Parian. Pour éviter l’apparence de cette irrégularité, on a jugé nécessaire de
placer la statue équestre, que les Indiens ne connoissent que sous le nom du
grand chevaldans une enceinte particulière. Cette enceinte est pavée en carreaux
de porphyre, et élevée de plus de quinze décimètres au-dessus du niveau des rues
adjacentes. L ’ovale, dont le grand axe est de cent mètres, est entouré de quatre
fontaines, et fermé, au grand déplaisir des indigènes, par quatre portes, dont les
grilles sont ornées en bronze.