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mains, ce qui indique l’enfance de l ’art. On croit reconnoître, sur le revers,
que la figure est assise ou même accroupie. Il y a lieu de s’étonner que les yeux
soient sans pupilles, tandis qu’on les trouvé indiquées dans le bas-relief découvert
récemment à Oaxaca. ( Pl. xi. )
Le basalte de cette sculpture est très-dur et d’un beau noir; c’est du vrai
basalte auquel sont mêlés quelques grains de péridot, et non de la pierre lydiqùe
ou du porphyre à base de grünstein, que les antiquaires appellent communément
basalte égyptien. Les plis de la coifï’e, et surtout les perles, sont d’un grand fini;
quoique l’artiste, dépourvu de ciseaux d’acier, et travaillant peut-être avec les
mêmes outils de cuivre mêlé d’étain, que j’ai rapportés du Pérou, ait dû trouver
dé grandes difficultés dans l’exécution.
Ce buste a été dessiné très-exactement, sous les yeux de M. Dupé, par un
élève de l ’académie de peinture de Mexico. Il a o ,58 de hauteur, sur o“ ,i9 de
largeur. Je lui ai laissé la dénomination de Buste d’une Prêtresse j qu’on lui
donne dans le pays. Il se pourroit cependant qu’il représentât quelque divinité
mexicaine, et qu’il eût été placé originairement parmi les Dieux pénates. La
coiife et les perles qui se retrouvent dans une idole découverte dans les ruines
de Tezcuco, et que j’ai déposée au cabinet du roi de Prusse, à Berlin, autorisent
cétte conjecture : l ’ornement du col et la forme non monstrueusè de la tête,
rendent plus probable que le buste représente simplement une femme aztèque.
Dans cette dernière supposition, les bourrelets cannelés qui se prolongent vers la
poitrine, ne pôurroient être des tresses, car le grand-prêtre ou Tepanteohuatzin}
coupoit les cheveux aux vierges qui se dévoüoient au service du temple.
Une certaine ressemblance entré le calantica des têtes d’Isis et la coiffe
mexicaine^ les pyramides à plusieurs assises; analogues à celles du Fayoum
et de Sàkharah, l ’usage fréquent de la peinture hiéroglyphique, les cinq jours
complémentaires ajoutés à la fin de l’année mexicaine, et qui rappellent les
épagomènes de l’année memphitique, offrent des points de ressemblance assez
remarquables entre les peuples du nouveau et de l’ancien continent. Nous
sommes cependant bien éloignés de nous livrer à ' des hypothèses qui seroient
aussi vagues et aussi hasardées que celles par lesquelles on a fait des Chinois une
colonie de l’Égypte , et’ de la langue basque un dialecte de l’hébreu. La plupart
de ces analogies s’évanouissent dès que l ’on examine les faits isolément. L année
mexicaine, par exemple, malgré ses’ épagomènes, diffère totalement de celle des