deux ans. Pour hâler l'efflorescence , on dispose les
schistes en las peu considérables ; on les remue et on les
arrose lors des sécheresses.
Lorsque l’efflorescence est suffisamment avancée, on
calcine ces schistes probablement dans le but de décomposer
et de rendre indissoluble le sulfate de fer mêlé à
l ’Alun.
Celte calcination s’opère de différentes manières, selon
les circonstances. On met ordinairement le schiste
alumineux couche par couche, avec le bois, et on en
forme une pyramide de vingt-cinq à trente couches;
on n’élève celte pyramide qu’insensiblemenl, et à mesure
que les couches inférieures se calcinent. La calcination
dure deux à trois mois , et le refroidissement environ
vingt jours. — Si les schistes alumineux sont en
même temps bitumineux, ils servent eux-mêmes de
combustibles. Il suffit d’allumer la partie inférieure de
la pyramide, elle continue de brûler au moyen de la
partie bitumineuse des schistes.
La montagne de Dutlweiller, dans le pays de Nassau
- Saarbruck, renferme de nombreuses couches de
houille , qui ayant été enflammées par accident , ont
calciné les schistes et y ont développé de l’Alun, qu’on
a depuis exploité avantageusement.
Lorsque les schistes alumineux sont exposés à l’air et
arrosés, le fer sulfuré est décomposé, il se produit de
l’acide sulfurique qui agit sur les terres et sur les oxides
métalliques que renferment aussi ces pierres, et forme des
sulfates d’alumine, de chaux, de magnésie et de fer. Dès
qu’on juge ces compositions suffisamment avancées, on
lessive les terres alumineuses, en faisant passer dessus
jusqu’à cinq eaux différentes. Les dernières eaux qui
contiennent le moins de sel servent, comme dans la préparation
du salpêtre , à lessiver les terres" neuves. Lorsque
les eaux sont saturées à froid des sels qu’elles ont pu
dissoudre, on les soumet à l’évaporation , et par conséquent
à une nouvelle concentration. Si les terres lessivees
ne contiennent pas naturellement de la potasse, on
est oblige d’y ajouter ce sel ou de l’ammoniaque pour
faire cristalliser l’Alun. Ces alcalis n’y sont pas toujours
ajoutés directement ; tantôt on emploie de l ’urine, qui,
comme on sait, contient de l’ammoniaque ; tantôt des
cendres | ou même du sulfate de potasse , que l’on peut
se procurer à bas prix.
Les schistes alumineux calcinés avec de la houille ,
peuvent donner de l’Alun sans addition de potasse.
L ammoniaque produite par la combustion de la houille
paroît, dans ce cas , remplacer la potasse. Avant de
faire cristalliser la liqueur une première fois, on la laisse
déposer ses impuretés dans une cuve particulière. Ordinairement
les premiers cristaux qu’elle donne sont de
la selenite ou sulfate de chaux. Les cristaux d’Alun qui
sont produits par cette première cristallisation , sont
impurs ; on les lave avec de l’eau froide, et on les dissout
dans de l’eau bouillante. Celte lessive de raffinage
reste quelquefois plusieurs jours exposée à l’a ir , afin
que le sulfate de fer qui existe encore , puisse être décompose
par l’air. On la fait ensuite évaporer, et quand
elle est suffisamment concentrée, on la fait passer dans
des cuves ou elle cristallise en grande masse ; on sépare
les douves de ces cuves pour retirer les masses d’alumine
sulfatée.
Les plus anciennes fabriques d’Alun ont été établies
dans le Levant, aux environs de Smyrne et de Constantinople;
ensuite on en a formé en Italie. 11 y en a
maintenant dans tous les pays. Les fabriques dans lesquelles
on traite les schistes à-peu-près comme nous
venons de le décrire, sont celles d’Almazarron, près Car-
thagene , en Espagne ; — des bords de la Meuse , près
de Liège ; — de Gross-almerode à Cassel, dans la Hesse ;
de Schwemsal, en Saxe; le schiste bitumineux de
cet endroit étant très-friable par loi-même , n’a pas besoin
d etre calcine ; il reste deux ans à l’air pour s’ef-
fleurir ; on le lessive, et il est exposé encore deux ans à