ici que se rencontre le premier point de la difficulté ;
les naturalistes ne s’accordent pas encore sur les principes
qui doivent les diriger dans la recherche d’une
bonne classification.
71. Les uns croyent qu’une méthode a pour unique
objet de faciliter la recherche du nom d’un minéral que
l’on n’a point encore vu. D’autres pensent que son principal
but doit être d’assigner à un corps naturel la place
qui semble lui appartenir dans le système des êtres,
d’après les^ points de ressemblances les plus imporlans
qu’il présente , avec les corps au milieu desquels on le
place.
Dans toutes les classifications connues, on se propose
l’un ou l’autre de ces deux buts , et souvent on veut les
atteindre tous deux en même temps , ce qui est pres-
qu’impossible.
72. Une classification qui n’a pour objet que la recherche
du nom d’une espèce, s’appelle méthode artificielle.
En effet, on l’a créée entièrement pour cet objet,
elle est susceptible de varier à l’infini ; elle doit être
fondée sur des caractères extérieurs, tranchés, apparens,
et faciles à décrire, d’une manière précise. Dans celte
méthode on ne craint p'as de rompre les rapports qui
paroissent les plus naturels. Cette classification peu importante
pour l’avancement de la science , mérite à
peine le norp de méthode, et ne doit être considérée que
comme un moyen presque mécanique, d’arriver plus
promptement à reconnoître les espèces déjà connues.
y3. La seconde sorte de classification, celle qui a
pour but d’assigner aux espèces leur véritable place
dans l’ensemble des êtres ; se nomme méthode naturelle ;
elle ne se compose pas au gré du naturaliste, elle existe
dans la nature, il doit l’y chercher \ Le but de celte 1
1 On ne peut développer dans cet ouvrage, ni les différences de*
méthodes artificielles et naturelles trop souvent confondues ni les
principes que 1 on doit suivre pour établir les premières et pour
classification étant de rapprocher d’autant plus les êtres
les uns des autres, qu’ils se ressemblent davantage, la
première condition à remplir , c’est de déterminer
quelles sont les qualités qui établissent entre les minéraux
les ressemblances les plus importantes ; car les
corps peuvent se ressembler par la couleur, et différer
par la forme ; ils peuvent se ressembler par la forme,
et différer par la composition , et ainsi pour toutes leurs
propriétés.
Il s’agit donc de savoir, i°. si le sel marin, le nitre,
le sulfate de fer se ressemblent davantage entre eux, par
la propriété qui leur est commune de se dissoudre dans
chercher les secondes. Ce n’est pas le lieu de prouver que les classifications
naturelles existent dans la nature , et qu’il faut les y chercher
: on sait que les adversaires de toute méthode, prétendent an
contraire que la nature ne reconnoît pas de classification ; mais si la
nature ne recodnoît ni les méthodes artificielles ni les mauvaises
méthodes, elle avoue les réunions qui ne contredisent pas les véritables
rapports qu'elle a établis entre les êtres ; elle reconnoîtra
toujours le rapprochement que les naturalistes font dans leurs méthodes
entre le chien, le renard et le loup ; entre la chèvre , le mouton
et le boeuf. Ces rapprochemens, et tant d’autres semblables que
l ’on trouve dans les règnes organiques .sont avoués de tout le monde,
parce que les ressemblances qui les exigent sont évidentes. On a fait
dernièrement dans la Zoologie des rapprochemens aussi naturels ;
mais les ressemblances qui les réclamoient tenant à une organisation
intérieure qui ne se découvre pas aussi facilement , il a
fallu un génie particulier pour les appercevoir et les apprécier. Il
existe de même entre les minéraux des points de ressemblance plus
importans les uns que les autres ; mais ce n’est point à l’extérieur
qn on les trouvera ; il fau t, pour les reconnoître , suivre certaines
règles qui sont entièrement différentes de celles qui conduisent le
zoologiste ou le botaniste. Ainsi les caractères de première ligne qui
en zoologie, influent tellement sur tous les autres, qu’un quadrupède
et un oiseau, quoique placés dans des classes différentes ont une
organisation générale semblable , n’établissent entre les minéraux les
plus voisins aucune analogie extérieure. On ne voit, par exemple, aucune
ressemblance entre la craie et le spath calcaire, entre le corindon
et l’alumine, entre le diamant et le charbon, quoique ces minéraux ,
pris deux à deux, soient de la même espèce , ou du moins d’espèces
très-voisines.