l ’eau , d’avoir* de la saveur , &c. ; que la pierre à plaire,
la craie, le spath-fluor ne se ressemblent aussi entre
eux , par la faculté d’avoir la même terre pour un de
leurs principes constiluans ; 2°. si la couleur jaune établit
plus de ressemblance entre la topaze de Saxe et la pierre
nommée topaze d’orient, qu’une forme primitive différente
n’entraîne de dissemblance entre ces deux pierres;
5°. si une forme primitive commune à la topaze d’orient,
au rubis d’orient et au saphir, établit plus d’analogie entre
ces pierres que leurs couleurs extrêmement variées ne
mettent de différences entre elles; 4°. enfin, si le diamant
et le cristal décroché, tous deux fort durs, transpa-
rens, &c. se ressemblent davantage par ces propriétés
que le diamant, la houille et le soufre , si différons extérieurement,
ne se ressemblent par la propriété remarquable
d’être combustibles.
74- Toutes les personnes qui ont voulu établir une
classification raisonnée des minéraux, se sont fait tacitement
les questions précédentes, ou d’autres semblables ;
elles se réduisent à savoir si la ressemblance ou les rapports
tirés de quelques propriétés extérieures, sont plus
imporlâns que ceux qui résultent de la composition.
Pour répondre à cette demande, il faut examiner quelle
sorte d’influence ces qualités, les unes accessoires, les
autres inhérentes , ont sur la nature des êtres auxquels
elles appartiennent. Prenons nos exemples dans des
corps complètement connus, afin d’écarter toutes les
circonstances qui compliqueroient la question.
Pour peu qu’on réfléchisse sur ce qui constitue pour
nous l’essence de certains êtres, on verra que le caractère
essentiel d'un sel, par exemple du sel marin, n’est
ni sa propriété de décrépiler sur les charbons ardens,
ni celle de se dissoudre dans l ’eau, ni celle de cristalliser
en cubes, puisque la plupart de ces propriétés peuvent
exister et existent en effet dans des sels qui sont regardes
comme différens. La soude et l’acide muriatique
unis dans certaines proportions , constituent essenliellement
le sel marin; tous les corps qui seront composés de
ces mêmes principes dans les mêmes proportions, seront
considérés comme du sel marin, quelles que soient leurs
propriétés extérieures. Nous avons un exemple frappant
de l’influence de ce principe sur les minéralogistes même
qui ne l’admettent pas formellement, dans le rapprochement
qu’ils ont fait de deux corps dont les propriétés
extérieures n’ont presqu’aucune analogie ; ces deux
corps qui sont le phosphate calcaire massif et la Chrysolithe
, avoient été regardés comme deux espèces de
pierres très-différentes ; la chimie , en prouvant qu’ils
sont composés tous deux des mêmes principes, a prononcé
leur identité, et personne n’a réclamé contre ce
rapprochement.
Nous ne croyons pas devoir nous étendre davantage
sur ce premier article , ni accumuler un plus grand
nombre de preuves, en faveur d’un principe qui nous
paroît presque généralement reconnu quoiqu’il ait été
très-peu suivi.
75. La ressemblance dans la composition doit donc
être regardée comme la plus importante qui existe entre
les minéraux ; ces corps se ressembleront d’autant plus,
qu’il y aura plus d’analogie dans leur composition, et
ils seront les mêmes, quand ils seront exactement composés
des mêmes substances : c’est donc sur ce principe
que doit être fondée upe classification naturelle des
minéraux, ainsi que leur division en espèces, genres,
ordres et classes. La division en espèces est la plus importante
, et celle dont la détermination doit admettre
le moins d’arbitraire.
Ce que l’on nomme espèce en zoologie et en botanique
, passe pour être assez bien déterminé ; on appelle
ainsi la réunion des individus qui se ressemblent par le
plus grand nombre de rapports, et qui ne diffèrent entre
eux que par quelques modifications accidentelles ; l’importance
de ces modifications est très-difficile à apprécier,
comme le savent les naturalistes.