I N T R O D U C T I O N ,
ce que nous nommons sous-espèce. Cette altération de
espèce influe sur ses caractères, parce qu’elle a une
certaine action chimique. Ainsi elle peut modifier la
pesanteur spécifique ( dans la chaux carbonatée perlée );
changer la fusibilité ( dans la tourmaline) ; la propriété
de faire effervescence (dansla dolomie) ; la dureté, &c.
Les proportions du principe accessoire qui établit
ici les sous-espèces, éiant extrêmement variables, ou ce
que nous appelons indéterminables, on sent que ces sous-
espèces passeront de l’une à l’autre par des nuances
insensibles '. ( Voyez dans le Tableau méthodique les
articles chaux carbonatée, béril, spinelle, &c. ).
107. 2°. La texture cristalline ou compacte, différence
qui ne tient souvent qu’au mode d’agrégation,
fait cependant varier tellement l’espèce , qu’elle altère
sa transparence, modifie sa pesanteur spécifique, sa
dureté et les caractères qui en résultent ( la chaux carbonatée
cristallisée et la craie). Il est souvent difficile de
reconnoitre l’espèce sous ces formes différentes, sur-tout
lorsqu’elle appartient à une classe de minéraux, dans
laquelle l’analyse chimique n’est qu’un moyen incértain
de détermination. Ces variétés de texture , indiquant
souvent une manière d’être très - différente dans la nature
, elles nous paraîtront, dans bien des cas, suffisantes
pour ériger en sous-espèces les variétés qui les présentent.
108. 5°. Les formes secondaires ne sont que des modifications
dans l’exercice de la propriété de cristalliser,
que possède une variété. Elles ne peuvent point être placées
sur le même rang que les variétés qui résultent de
1 Les espèces dans Je règne animal présentent des variétés plus
différentes entre elles que celles que nous nommons ici sous-espèces ,
et elles ne sont pas mieux circonscrites dans ce règne que dans le
règne minéral.
Ainsi les boeufs sans cornes, qui sont bien certainement une variété
des boeufs à cornes , se lient avec ces derniers par des individus qui
n’ont que des rudimc-ns de cornes, non adhérens au crâne , etc.
la présence d’un principe accessoire , ou même de la
texture cristalline ou compacte d’un minéral. Nous ne
les considérerons donc que comme des variétés du troisième
ordre, ou sous-variétés ; car la différence que la
presence ou l’absence d’une facette établissent entre deux
cristaux, n’a qu’une très-foible importance dans la nature.
Ainsi on ne peut mettre sur le même rang, comme
variété,d’une pari la chaux carbonatée prismée, la chaux
carbonatée émarginée, &c. et de l’autre , la chaux carbonatée
saccaroïde, la chaux carbonatée craye, &c. Le
béril émeraude et le béril aigue-marine, ont certainement
entr’eux des différences plus importantes que n’en
ont ensemble le béril prisme et le béril émarginé. Le fey
oxidé rubigineux diffère plus du fer oxidé hématite, que le
fer oligiste basé ne diffère du fer oligiste binaire, &c. 1.
10g. 4°. La couleur doit être regardée comme caractère
de variété de second ou de troisième ordre , selon
les circonstances. Lorsqu’elle appariient à de grandes
masses, qu’elle est intense, assez constante, et qu’elle est
par conséquent le résultat de la présence habituelle d’un
principe accessoire , elle doit faire considérer comme
variété principale, ou comme sous-espèce, les minéraux
qui en jouissent ; mais lorsque la couleur est fugace,
lorsque ses nuances sont dues plutôt à des modifications
du corps qui la produit, qu’à des proportions très-diffé-
1 J’ai donc considéré les cristaux comme formant une masse de
sous-variétés réunies par la propriété commune , de prendre une
forme régulière , et j’en ai fait une variété principale sous le nom
général de minéraux cristallisés. Je n’ai cependant pas toujours suivi
cette marche, parce qu’elle m’auroit quelquefois entraîné dans des
détails étrangers à l’objet de cet ouvrage. Lors donc que j’ai dû
omettre absolument toutes les variétés de formes, parce que le minéral
dont il étoit question ne présentoit aucun cristal remarquable
je n’ai pas jugé à propos d’établir un titre de division pour n’y rien,
placer ; je me suis contenté d’indiquer dans l’énumération des propriétés
communes au minéral, la forme générale que présentent ses
cristaux en les décrivant d’une manière vague , mais néanmoins
suffisante pour en donuer une idée.