P I E R R E S D UR E S ,
sinople, &c. On nomme géodes ces espèces de boules
creuses : elles sont quelquefois très-volumineuses, et
renferment même d’autres cristaux que ceux de quartz.
On remarque dans celles d’Oberstein des cristaux de
chabasie.
Quelques-unes de ces géodes , et ce sont ordinairement
les plus petites, ont leur cavité remplie d’eau : elles
portent alors le nom d’enhydres. On ne les a encore observées
que dans les terreins volcaniques. Les plus connues
se trouvent dans le Vicentin , au milieu d’une colline
volcanique escarpée nommée le Main, qui fait
partie du district d’Arzignano. On les rencontre principalement
dans des blocs isolés d’une lave à cassure
terreuse.
On en trouve dans d’autres parties de ce pays, notamment
aux monts Galba-Berico, à Saint-Floriano,
entre Marostica et Bassano, &c. Le Vicentin est regardé
jusqu’à présent comme la seule patrie des véritables
enhydres.
Les enhydresj quelquefois fendillées , perdent leur
eau par évaporation : on peut la leur rendre en les
plongeant dans de l’eau chaude, et en les y laissant refroidir.
( MillièrH. )
Les Agates offrent encore d’autres particularités. Plusieurs
font voir dans leur intérieur des dessins bruns ,
ou même noirs, qui représentent des arbrisseaux dépouillés
de leurs feuilles. Ces Agates, qu’on nomme
herboriséès, sont fort recherchées. On suppose que ces
herborisations sont dues à des infiltrations de fer ou de
manganèse dans les fissures naturelles dé la pierre. Les
plus belles Agates herborisées viennent, dit-on, de
l’Arabie par la voie de Moka , et portent dans le commerce
le nom de pierre de Moka.
On voit, dans l’intérieur de certaines Agates, des fila-
mens verts, ou d'une autre couleur, qui s’entrelacent
irrégulièrement comme des conferves, ou comme le chevelu
des racines : on a nommé ces Silex Agates mousseuses
; et Daubenlon a supposé que ces filamens
etoient de véritables mousses ou conferves qui avoient
ete enveloppées par la matière siliceuse.
Quelquefois les couches des Agates ont été brisées et
recollées ensuite, mais de manière que les zones ne se
correspondent plus.
Les Agates ont été plus en usage autrefois qu’à présent
; on les lailloit en coupes et en plaques pour en
faire des boîtes : on en faisoit aussi des poignées de
sabre, de couteau, &c. On taille et on polit encore en
grand, et à un prix Irès-modique, les Agates à Ober-
stein. On dégrossit d’abord la surface à polir, au moyen
de grandes meules d’un grès dur et rougeâtre que feau
fait tourner: on leur donne ensuite le poli sur une roue
de bois tendre , mouillée et pénétrée de la poussière fine
mais dure, d’un tripoli rouge qui vient des environ».
M. Faujas croit que ce tripoli est produit par la décomposition
de la roche porphyritique qui sert de
gangue aux Agates. Les anciens employoient sur-lout les
Agates, pour y graver des camées ; et c’est presque le
seul usage que l’on fasse encore de ces pierres. La cornaline,
la chrysoprase, &c. sont cependant toujours très-
recherchées pour être montées en bijoux.
Les Agates qui sont principalement employées pour
la gravure en camée , sont les onyx à zones parallèles ,
droites et de diverses couleurs. On choisit sur-tout celles
qui sont composées de couches alternatives de calcédoine,
de sardoine pâle et de sardoine foncée. En enlevant
ces couches avec un certain art, on fait en sorte
que la couche la plus foncée fasse le fond du camée,
et que celle de sardoine pâle et de calcédoine soient
employées, l’une pour les chairs, l’autre pour les draperies
ou les lumières. Les anciens ont pratiqué cet art
avec le plus grand succès, et nous ont laissé des ouvrages
remarquables en ce genre par leurs dimensions
et leur fini précieux. Nous citerons particulièrement
une plaque ovale de sardoine à trois couches de 3i cen-
Usage.
St