pour en faire des, espèces distinctes , à d’autres caractères.
Ces caractères ne doivent point être prisau hasard ;
il faut en les choisissant avoir égard à leur importance,
c’est-à-dire à leur dépendance plus ou moins intime de
la composition, qui est, comme nous l’avons dit (81),
le caractère essentiel des minéraux. Nous chercherons
plus bas ( io5 et suiv. ) à évaluer le degré d’importance
de ces caractères secondaires.
87. Enfin , si l’on n’a aucun moyen pour rapporter
avec certitude des minéraux à une espèce déterminée,
ni pour les en distinguer, on sera réduit à faire ce que
nous nommerons une espèce arbitraire ; ainsi le relinite,
le pétrosilex, le silex, sont des espèces arbitraires, parce
qu’on ne peut les rapporter avec certitude à aucune
espèce connue.
88. Nous devons préférer dans ce cas une séparation
arbitraire à une réunion incertaine ; en isolant
une espèce, nous n’affirmons rien sur sa nature, nous
avertissons, pour ainsi dire, que nous ne la connoissons
pas, enfin ,*nous ne faisons naître aucune idée inexacte :
la réunir au contraire avec une autre, c’est affirmer
que nous regardons cette espèce comme étant absolument
de la même nature que celle à laquelle nous
l'adjoignons.
Il nous semble qu’en'adoptant les principes que nous
venons d’exposer, nous arriverons à classer avec exactitude
tout ce qui est regardé comme bien connu dans
l’état actuel de la science -, notre marche , dans ce cas,
n’aura rien d’arbitraire.
8g. Quant aux minéraux simples ou mélangés dont
la nature est inconnue ou incertaine, et qui ne sont
pas cristallisés, nous ne pourrons suivre aucune règle
dans leur classification ; nous nous laisserons guider
alors par les analogies qui nous paroîtront les mieux
fondées
Nous croyons pouvoir tirer de ce que nous venons
d’exposer sur les premiers principes de la classification
des minéraux, les conséquences suivantes :
go. i°. Tous les minéraux dont la composition est
bien connue , et qui ont les mêmes principes consti-
tuans essentiels réunis à-peu-près dans les mêmes proportions
, formeront autant d’espèces distinctes et définitives
(76 et suiv.).
g 1. 20. La forme primitive étant souvent en rapport
avec la composition (et peut-être l’est-elle toujours), cette
qualité essentielle servira à déterminer quelles sont les
proportions qui constituent les espèces , quels sont les
principes que nous regarderons comme essentiels, et
quels sont ceux que nous considérerons comme accessoires
; nous nommerons principes accessoires ceux qui
peuvent exister ou ne pas exister dans une espèce, sans
influer sur sa forme primitive * (82 et 83).
gi. 3°, Le caractère pris de la forme primitive joint
à un ou à plusieurs caractères de second ordre, pourra
peut encore faire contre notre principe de détermination de l’espèce,
principe que nous avons pris pour base de notre classification. Ainsi,
on pourra demander si les agrégations d’individus ont les mêmes propriétés
que les individus minéralogiques. Je répondrai que ces agrégations
peuvent avoir des propriétés différentes de celles des individus
isolés. Mais comme les caractères essentiels de l’espèce sont pris dans
sa composition et non pas dans ses propriétés physiques, les différences
qui peuvent exister entre l'individu isolé et ses agrégations , ne
doivent influer en rien sur la détermination précise des espèces telles
qu’on les connolt actuellement, puisque la composition des individus
agrégés, est essentiellement la même que celle des individus
isolés.
On dira encore que la nature des minéraux qui semblent le mieux
connus , n’est peut-être pas telle que l’analyse nous la donne. Mais
quelle science , à l’exception des sciences mathématiques , peut se
flatter d’avoir des principes immuables ? Quelle que soit la classification
qu’on établisse, on sera toujours forcé de partir des faits
qui paroissent les plus certains d’après l’état actuel de nos connois-
s an ces.
* Voyez plus bas ce qui est relatif aux variétés ( 107 , 116 , 117,
n8).
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