lies mélanges de Basalte avec des pierres d’une origine
évidemment aqueuse , et les exemples du passage de
celte roche à d’autres roches formées sous les eaux, sont
assez fréquens, et sont apportés comme de fortes preuves
que les Basaltes n’ont pas toujours été formés à la manière
des laves. M. Werner a observé au Scheibenberg
en Saxe, la transition non interrompue du Basalte à la
vake, et dans un autre lieu, celle du Basalte à la dia-
hase, et Dolomieu a fait remarquer des passages absolument
semblables dans les Basaltes d’Elhiopie. On ne
peut dire que ces roches, la vake et la diabase, soient
des altérations du Basalte, puisqu’on y trouve des pierres
qui n’existoient pas dans le Basalte, tels que le mica,
l ’amphibole et le felspath en gros cristaux, tandis qu’on
n’y rencontre aucune de celles qu’il contient ordinairement.
D’autres faits prouvent encore que les Basaltes de
Saxe, que ceux des îles Hébrides, &c. ne peuvent avoir
été formés à la manière des laves actuelles. Telle est la
présence bien constatée des couches de houille non
altérée, placées sous du Basalte, des couches de chaux
carbonalée intacte, et liée pour ainsi dire à la substance
même de cette roche , au milieu de laquelle elle se
trouve interposée, tandis que la pierre calcaire est calcinée,
et devient pulvérulente lorsqu’elle est enveloppée
par une véritable lave.
Malgré les observations que nous venons de rapporter
et les conséquences qui en résultent, il reste
encore quelques difficultés à résoudre pour expliquer la
présence presque habituelle des Basaltes prismatiques
dans les pays évidemment volcaniques. Les partisans
de l’origine aqueuse, croyent que le terrein basaltique
est le seul.qui soit propre à la formation des volcans,
que ce terrein leur a donné naissance plutôt qu’il ne l’a
reçue d’eux. Ils pensent que les laves basaltiques sont le
produit de l’altération des Basaltes , et ils se fondent sur
ce que ces laves sont avec les Basaltes les seules roches
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connues qui renferment une aussi grande quantité
de fer.
Mais cette explication étant fondée sur une hypothèse,
nous ne la développerons pas davantage. Nous exposerons
une troisième opinion sur l’origine des Basaltes,
mitoyenne entre les deux précédentes , et qui nous
paroit la plus probable. Les naturalistes qui la professent,
tels que For lis, Dolomieu, Delrio, Spallanzani,
pensent que la discussion sur les Basaltes est souvent
une dispute de mots : que si l’on donne ce nom aux
pierres dont nous avons exposé les caractères au commencement
de cet article , les unes sont réellement
volcaniques , tandis que les autres ont une origine totalement
aqueuse ; que les Basaltes de Saxe et ceux d’Elhiopie
, appartiennent certainement à celte seconde division
, et qu’il est probable que ceux d’Ecosse et d’Irlande
lui appartiennent aussi ; tandis que ceux d’Italie et ceux
d’Auvergne doivent être rangés dans la première classe,
en totalité ou au moins en partie.
D’autres naturalistes enfin, et notamment M. Patrin ,
pensent que les Basaltes sont le produit des éruptions
boueuses des volcans sous-marins, et que la nature de
l’éruption et l’influence de l’eau ont donné à cette lave
les caractères particuliers qu’on lui remarque. Ils croyent
que cette dernière influence a empêché la matière basaltique
de calciner ou de brûler les corps sur lesquels
elle a coulé. Cette hypothèse qui paroît une des plus
vraisemblables, si on ne veut pas l’appliquer à tous les
Basaltes sans exception, explique assez bien l’alternative
des couches de Basalte prismatique avec des couches de
Basalte ou de matièfb pierreuse et terreuse sans ordre,
celle de ces mêmes couches de Basalte avec le grès,
avec la chaux carbonatée ou avec la houille , qui n’en
sont point altérés, enfin la présence des coquilles fossiles
dans quelques couches basaltiques. Les causes qui, dans
celte hypothèse, ont concouru à la formation des Basaltes
prismatiques n existant plus, on voit pourquoi ce«