P R E M I È R E S E C T I O N .
Des caractères communs des Minéraux.
S- I.
Manière de croître et structure.
9. Une pierre telle que le marbre, un métal tel que
1 o r, un sel comme l’alun, un liquide comme l’eau , un
fluide comme l’air5 en un mot, tous les corps qu’on ne
voit point naître, qui ne vivent point, qui ne meurent
pas, se forment et croissent d’une toute autre manière
que les végétaux et que les animaux doués de la vie et
sujets à la mort.
Quand un minerai se forme, c’est par la réunion de
molécules semblables entre elles. En se réunissant pour
former une masse, elles n’éprouvent aucun changement
dans leur composition. Si le minéral augmente
de volume, on voit de nouvelles couches s’appliquer à
sa surface , et l’envelopper de toutes parts. Ainsi, lorsqu’on
fait dissoudre dans l’eau un sel, tel que l’alun,
l’eau sépare les molécules salines qui formoient par leur
réunion la masse de ce sel. En chassant cette eau par l’évaporation
, les molécules', devenues libres, tendent à se
réunir de nouveau; elles produisent des cristaux d’alun
qui augmentent peu à peu par les couches de molécules
qui viennent s’ajouter à leur surface. On peut facilement
s’assurer de cette manière de croître, en faisant
une trace de couleur sur un de ces cristaux, et le replaçant
dans la dissolution , la trace sera bientôt recouverte
par de nouvelles couches d’alun. On dit des corps
qui augmentent ainsi de volume, qu’ils croissent par
juxta-position ou agrégation.
io. Les végétaux et les animaux croissent tout autrement
que les minéraux. Les matières qui concourent à
l’accroissement des premiers, ne leur ressemblent souvent
en rien. Ces matières transportées par eux dans.
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leur intérieur, ou mises seulement en contact avec eux,
sont prises en totalité ou en partie par des organes qui
ont la propriété de les modifier, et de les charier dans
toutes les parties de l’animal ou du végétal, de les assimiler
h ces parties, de les y déposer, et de concourir
ainsi à leur croissance. Tout ce qui peut s’ajouter à l’extérieur
de ces êtres pour en augmenter le volume,vient
nécessairement de l’intérieur. Ainsi les traces que l’on fera
sur l’écorce d’un arbre resteront toujours sensibles, tant
que des circonstances étrangères ne les détruiront pas,
ou qu’une matière transpirant de l’intérieur ne viendra
pas les remplir. Il existe donc, comme le fait remarquer
M. Cuvier, dans tous les végétaux et dans tous les
animaux vivans , un mouvement intérieur qui les distingue
essentiellement des corps bruts, et qui fait que
toutes leurs parties concourent à une même action ; dans
les corps inorganisés au contraire les parties, une foi»
réunies par la cohésion, sont inertes.
On nomme intus-susception cette manière de croître
des êtres vivans. Les appareils propres à modifier les
corps qui servent à cette croissance , et à les assimiler
aux êtres qui les prennent, portent le nom organes.
Les végétaux et les animaux étant pourvus d'organes ,
ont reçu le nom commun de corps organisés, et sont
réunis par cette propriété importante. Les minéraux
et tous les corps qui , comme eux , sont dépourvus
organes , se nomment corps inorganisés.
11. Les corps inorganisés simples , c’est-à-dire qui
ne résultent pas de l’agrégation de plusieurs espèces
différentes, sont formés de molécules ou parties infiniment
petites, toutes semblables à la masse qu’elles
composent. Tel est un lingot d’or pur : qu’on détache
une parcelle d’or de ce lingot, quelque part
qu’on la prenne, elle sera en tout semblable à la masse
d’or dont elle faisoit partie. L ’or et tous les corps
inorganisés qui ne sont point mélangés par agrégation
, sont donc composés de parties semblables, ou