Faux
cristaux.
en sorte qu’elles empiètent sur les autres faces , et les
font disparoîtrepresqu’entièrement. L ’habitude d’observer
des cristaux , et plus sûrement encore la mesure des
angles , apprennent à ramener la symétrie dans ce désordre
apparent, et à retrouver la véritable forme déguisée
par ces accroissemens irréguliers. Dans d’autres
cas, les faces sont altérées par des stries ou par des aspérités
dues à des circonstances qui ont troublé d’une
manière particulière l’arrangement régulier des molécules
Quelquefois ces anomalies semblent avoir suivi
une sorte de lo i, en donnant une convexité constante
aux faces de certains cristaux : ce qui les fait paroître, ou
globuleux, comme on l’observe dans le diamant, dans
quelques variétés de chaux carbonalée, etc. ou lenticulaires,
comme dans la chaux sulfatée. Mais on doit
observer que si le niveau des faces est souvent altéré,
il n’en est pas de même des arêtes et des angles qui sont
très-rarement émoussés.
42. On n’a pas encore pu déterminer quelles sont
les causes qui produisent et ces anomalies constantes,
et telle forme secondaire plutôt que telle autre ; on sait
seulement que ces causes doivent avoir eu une influence
assez étendue, puisqu’on remarque que non-seulement
les cristaux d’une même cavité, d’un même filon, mais
quelquefois encore tous les cristaux d’une chaîne de
montagnes présentent les mêmes formes secondaires.
C’est ainsi que tous les cristaux de quartz des environs
de Neuilly appartiennent à la variété prismée bisal-
terne ; que tous ceux du filon de la Gardette ont une
des faces de la pyramide incomparablement plus grande
que les autres, etc.
Il y a des minéraux qui fournissent des cristaux volumineux,
tandis que d’autres n’en oflrent jamais que de
fort petits. Tels sont ceux observés par M. Fleuriau de
Bellevue, et qu’il a nommés semeline, pseudo-som-
mite, etc.
43. Ce que nous venons de dire sur la formation des
cristaux, sur la constance de leurs angles et la netteté de
leurs arêtes , nous servira à distinguer les vrais «rislaux
des corps qui en ont l’apparence, et que nous nommons
faux-cristaux 1 et cristaux par retraite.
44- Les premiers sont ceux qui ont été comme moulés
dans une cavité abandonnée par un vrai cristal. Quoiqu’on
ne sache pas précisément comment cette espèce
de moulage s’est opéré , on suppose, avec quelque vraisemblance
, que tantôt la nouvelle substance a trouvé
la place de l’ancienne entièrement vide, tantôt qu’elle
a détruit peu à peu cette dernière, et en a pris successivement
la place.
Ces faux cristaux se distinguent des vrais par leur
texture qui n’est presque jamais lamelleuse ; par leur
surface souvent terne et raboteuse; par leurs arêtes et
leurs angles ordinairement émoussés; enfin, parce qu’ils
ne peuvent point subir de division mécanique, et parce
qu’ils présentent les caractères d’une forme qui souvent
ne peut appartenir à la substance qui la revêt. Tels sont
les prétendus cristaux de silex, de jaspe, de stéatite
compacte, etc.
45. Les cristaux ou polyèdres par retraite diffèrent
des vrais cristaux par de nombreux caractères. Leurs P
angles, qui varient d’ouverture dans les formes semblables
, sans suivre aucune loi, fournissent la différence
la plus essentielle. Les arêtes de ces polyèdres sont
irrégulièrement fléchies : elles n’ont point la netteté des
arêtes des vrais cristaux ; les faces sont ternes, raboteuses
, remplies de dépressions irrégulières. Ils sont
ordinairement opaques ; leur cassure est presque toujours
terreuse 5 la structure lamelleuse leur appartient
très-rarement.
46. Ces polyèdres paroissent avoir été formés autrement
que les vrais cristaux. Leur substance n’a été
dissoute ni par le calorique, ni par aucun liquide. Elle
1 Pseudo-cristaux. Br o c h a n t . Pseudo-morphoses. Ha u t .
Cristaux
ar relraiti