Basaltes ne se forment plus dans ces vastes courans de
laves qui sont sortis de nos jours des volcans. Il paroit
qu’il en est des Basaltes comme des filons , des couches
cristallisées, des fossiles proprement dits, &c. La nature
dans son repos actuel n’en forme plus.
Usages. Les usages du Basalte sont peu étendus : on en pave
les rues dans quelques villes. On prétend qu il faut
l ’arroser souvent, que , sans cette précaution , il se
brise facilement. Cette observation paroît contredire ce
que nous avons dit de la grande ténacité de cette pierre,
prouvée d’ailleurs par les autres usages que l’on en fait :
ces différences tiennent peut-être aux diverses variétés
que l’on emploie. Deborn et M. Daubuisson rapportent
qu’on se sert en Saxe de Basalte pour armer les pilons
des bocards qui pulvérisent du quartz. Les relieurs et
les batteurs d’or de l’Allemagne se servent du Basalte
d’CJnkel et de celui de Stolpen comme d enclume.
( Co l l i n i .)
Le Basalte se fondant très-bien en un verre noir, on
en fait quelquefois des bouteilles.
Les terreins qui résultent de la décomposition des
Basaltes , sont ordinairement d’une grande fertilité.
C’est un rapport de plus qu’ils ont avec les terreins volcaniques.
Les anciens, et sur-tout les Egyptiens, employoient
le Basalte dans leurs raonumens et dans leurs statues,
malgré .la difficulté qu’ils dévoient éprouyer pour le
tailler. On le trouvoit en Ethiopie, au rapport de Pline,
et le nom de Basalte qu’on donnoit à cette pierre, lui
v.enoit de ce qu’elle avoit la couleur et la dureté du fer.
Pline cite , comme exemple remarquable de statues
faites avec le Basalte, celle du N il, à l’en tour de laquelle
jouent seize enfans. Il cite aussi la statue de Memnon
au temple de Sérapis ; on la voit encore près des ruines
de Thèbes.
Agricola et Gesner paroissent être les deux naturalistes
les plus anciens qui aient parle du Basalte prismatique
et qui l ’aient décrit. Ils ont fait connoître le rocher
basaltique de Stolpen en Saxe.
6 1 ' E s p . G R A M M A T I T E . H a ü y . *
T o u t e s les variétés qui appartiennent à celte espèce
ont une texture fibreuse ou rayonnée, avec un
certain éclat vitreux qui les fait facilement reconnoître.
Elles se présentent ou sous la forme de longues baguettes
aplaties, composées de fibres déliées et parallèles,
ou sous celle de cristaux prismatiques aplatis,
dont les pans sont sillonnés longitudinalement. La
seule pierre dont il soit difficile de les distinguer dans
quelques cas, c’est l’asbesle. La dureté est presque le
seul caractère distinctif extérieur. La Grammalite est
toujours roide, ses filamens sont durs et âpres au toucher
; frottés sur le verre avec un peu d’eau, ils l’usent
et le dépolissent, effet que ne produit point l’asbeste lorsqu’il
ne renferme pas de pierres dures étrangères.
La cassure de la Grammalite est rayonnée et fibreuse
dans le sens de sa longueur, elle est raboteuse en travers.
Celle pierre fond au chalumeau en un verre blanc
rempli de bulles. Sa pesanteur spécifique varie depuis
a,9 jusqu’à 3,3.
Les cristaux de Grammatite ont pour forme générale
un prisme à base rhombe, très-comprimé, et terminé
par deux faces culminantes. Les arêtes longitudinales de
ce prisme sont quelquefois remplacées par des facettes
linéaires.
La forme primitive est aussi un prisme oblique à
base rhombe, dont, les pans, sont inclinés entr’eux de
i27d et 53d.
On remarque dans la cassure transversale de certains
prismes, une ligne qui semble tracer la grande
diagonale du rhombe que présente cette cassure. Cette
ligne n’est point l’indication d’une hémitropie.
1 Trcmoiith, la T r é m o l i t h e . B r o c k .