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objet : nous n’étudierons que leur histoire naturelle ; elle
doit faire partie de celle des minéraux, car ils sont
comme les minéraux proprement dits, des corps inorganisés
qui se trouvent naturellement sur la terre. L’état
ordinaire de fluidité ou de liquidité de ces deux corps
remarquables, ne peut être une raison de passer sous
silence leur histoire naturelle ; elle n’est pas moins importante
que celle du bitume et du mercure, qui sont
aussi des minéraux liquides.
Nous considérerons même l’air et l’eau sous deux
points de vue difféi'êns. Nous ne parlerons dans la première
partie de cet ouvrage que des propriétés de ces
corps considérés comme espèces ; nous renverrons à la
seconde partie, qui renfermera la géognosie, l’histoire
de leur masse, et de leur influence sur les autres corps
de la nature.
i er Ge n r s . A IR .
L e nom d’air atmosphérique, donné à l’espèce d’air
qui doit nous occuper, indique que c’est le fluide élastique
qui entoure la terre, et Gelui dans le milieu
duquel tous les êtres vivans sont plongés. Sa présence
ne se manifeste à la plupart des hommes que parla résistance
qu’il fait éprouver lorsqu’on l’agite , ou lorsque se
portant d’un lieu dans un autre avec une grande rapidité,
il produit le phénomène que l’on nomme vent.
Quoique ce fluide soit ordinairement invisible, en
raison de sa grande transparence , il n’est cependant
pas absolument sans couleur. Ses grandes masses
sont bleuâtres : c’est ce que nous prouve la teinte
bleue que prennent les objets éloignés, et la couleur
apurée du ciel. Aussi cette couleur se perd-elle en passant
au n o ir, à mesure qu’on s’élève et que l’atmosphère
devient moins épaisse et moins dense.
Les physiciens ont reconnu par divers moyens que la
pesanteur spécifique de l’air est à celle de l’eau, comme
ü,oo 13 est à 1, sous une pression om,76, et à zéro du thermomètre
centigrade ( c’est-à-dire que le poids du pied
Ai n.
cube d’air est de 1 once 3 gros et 3 grains à 10 deg8ré7s
de Reauraur. Lavoisier. )
Ce fluide est composé de 0,21 d’oxigène et 0,7g d’azote
(H.umroldt et Gay -Lvssac ) : ces gaz sont unis et ne
se séparent pas, malgré la différence dé leur pesanteur
spécifique. L’air atmosphérique contient aussi de l’acide
carbonique; mais il paroît que les proportions de ce
gaz sont variables, selon les lieux et les circonstances.
M. Berthollet pense qu’il y en a tout au plus 0,01.
La terre est enveloppée dans toute son étendue d’une
couche d’air, qu’on nomme l’atmosphère. Cette couche
est beaucoup plus mince qu’on ne se le figure ordinairem
ent, puisqu’on ne peut lui supposer plus de 6 myria-
mètres de hauteur ( i 3 lieues \ de 25 au degré) 1 jusqu’à
ses dernières limites sensibles sur la lumière ; et sur ces
6 myriamètres, il n’y a qu’une couche de 8 kilomètres au
plus, dans laquelle puissent vivre les corps organisés.
Quoique cétte couche ait très-peu d’épaisseur en
comparaison du diamètre de la terre , elle exerce par
sa pression une grande influence sur les corps qui sont
à la surfacé du globe, en limitant l’évaporation des
liquides et en s’opposant au dégagement d’un grand
nombre de fluides élastiques.
Cette pression sur une surface d’un décimètre carré,
équivaut à un poids de io3 kilogrammes.
Les corps évaporables qui sont répandus en si grande
quantité sur la terre , sembleraient devoir altérer facilement
une couche d’air aussi mince ; cependant les phvsi-
ciens qui l’ont examinée avec soin, ont trouvé qu’elle éloit
composée sensiblement des mêmes principes à toutes les
hauteurs (Gay-Lussac) , e t‘peut-être dans tous les climats
, comme les expériences de MM. Cavendish, Ma-
carty, Berthollet, DaVy, &c. tendent à le prouver.
On sait que l’air est le seul fluide qui puisse entretenir
1 B i o t . Elémens d’Astronomie physique, M. Lacroix dit 7 à 9
myriamètres ( Dictionnaire des sciences naturelles, art. Atmosphère ).