I N T R O D Ü C T I O î f .
substance qui les forme a été tenue en dissolution.
Telle a été la manière de cristalliser du sucre en pains,
de la pierre à plâtre, du marbre statuaire , de certains
grès, etc.
18. Les cristaux bien déterminés sont les minéraux
les plus parfaits, puisqu’ils réunissent en eux toutes les
propriétés dont les minéraux puissent jouir. Mais comme
il est rare que les conditions qui sont nécessaires à la
cristallisation, et que nous venons d’exposer, se trouvent
réunies à quelques autres moins générales ou
moins importantes dont nous ne parlons pas , il est
rare aussi.de trouver des cristaux volumineux et très-
nets.
19. La cristallisation offre différens phénomènes,
dont l’étude appartient plutôt à la physique ou à la chimie
qu’à la minéralogie. Nous nous contenterons donc
d’indiquer ici les plus remarquables, et sur-tout ceux
qui peuvent s’appliquer à la minéralogie ou à la géologie.
On remarque :
i°. Que dans le moment où la cristallisation s’opère,
il se dégage une chaleur très-sensible, due au rapprochement
des molécules du corps qui cristallisé ;
2°. Qu’un mouvement brusque, où la présence d’un
corps étranger, sur-tout si ce corpsa dé l’affinité pour la
substance tenue en dissolution, décide la cristallisation,
et fait précipiter quelquefois un grand nombre de cristaux
;
3°. Que la lumière favorise la cristallisation , et que
les cristaux se déposent en bien plus grand nombre
dans la partie des vases qui s’y trouve exposée, ainsi que
M. Chaptal l’a observé * ;
4°. Que les angles et les arêtes semblent se former les
premiers , et que ce sont aussi ces parties qui s’émoussent
les premières lorsque les cristaux se dissolvent ;
5°. Que les cristaux qui se trouvent au fond d’un
1 J'ai fait la même observation sur le camphre sublimé.
vase, augmentent plus dans le sens horizontal que dans
le sens vertical ;
6°. Qu’en mettant dans un vase long et étroit des
cristaux à différentes hauteurs , au milieu d’une eau
saturée, les cristaux du fond croissent plus vile que
ceux de la surface, et qu’il arrive même un moment
où ceux du fond croissent, tandis que ceux de la surface
se dissolvent : ces dernières observations sont dues
à M. le Blanc ;
7°. Que les corps simplement fondus changent de
volume, non-seulement en cristallisant , mais encore
quelques instans avant que ce phénomène ait lieu ; la
plupart, le mercure entr’autres, diminuent de volume :
l’eau, au contraire, se dilate, non-seulement en se
gelant, mais même un peu avant le moment de sa congélation
; c’est ce qui fait que la glace est moins pesante
que l’eau, à volume égal.
20. En examinant avec quelque attention un grand
nombre de cristaux , on ne tarde pas à remarquer
qu’une même substance est susceptible de se présenter
sous des formes souvent très-différentes , qui paroissent
même quelquefois n’avoir aucun rapport entr’elles.
Il paroît cependant que les molécules intégrantes d’un,
même corps sont toutes de même forme , et par conséquent
que les solides variés qu’elles produisent par
leur réunion, sont tous composés de petits cristaux semblables
à la molécule intégrante de ce corps.
Il s’agit de savoir par quelle sorte d’arrangement des
molécules semblables peuvent donner naissance à des
cristaux si différens; comment s’arrangent, par exemple
, les molécules rhomboïdales de la chaux carbo-
nalée, pour produire tantôt des rhomboïdes, tantôt des
prismes; et les molécules cubiques du fer sulfuré, pour
produire des cubes, des octaèdres, des icosaèdres *. 1
1 Quelque soin que l’on mette à rendre cette exposition claire,
il est très-difficile qu’elle soit bien comprise à une première lecture
par quelqu’un qui n’a jamais vu avec attention des cristaux. Je con