Natron s’y présente en croûte épaisse, formée de cristaux
longs, accolés et transparens, qui ne s’effleurissent point
à l’air. Ce sel est composé, d’après l’analyse de M. Kla-
proth, de 0,37 de soude pure, de o,38 d’acide carbonique,
de 0,20 de soude sulfatée, et de 0,22 d’eau.
Ce chimiste attribue la propriété que possède le Natron
de Trôna de ne point s’effieurir , à la grande quantité
d’acide carbonique qu’il contient, et qui paroît saturer
l’alcali. On s’en sert dans le pays pour donner du montant
au tabac.
M. Humbolt vient de découvrir la Soude carbonatée
dans les lacs du Mexique. — On la trouve aussi dans les
lacs et près du cratère du volcan de Ténériffe(/feBe r b e n ) ,
et dans celui de Monte-Nuovo, près de Naples.
On trouve, comme nous l’avons dit, la Soude carbonatée
en efflorescence sur les murs des caves. On l’observe
ainsi presque par-tout : —5 A Angers et à Paris
( P r o u s t ) ; — sous le pont du Cher, près de Tours
(V auquelin) ; — dans presque toutes les villes maritimes
de France , depuis Ostende jusqu’au Havre ; —
sur les murs intérieurs des bains de V ich y , elle fait
les quatre cinquièmes du sel qui tapisse les murailles
de ces bains ; — à Vérone ( L o r g n a ) ; — à Erlangen
( H a a s f. ) , &c.
La Soude carbonatée fait partie des eaux minérales
de Carlsbad, d’Egra et de Bilin en Bohême ; — de
Spa, — de Selz, — de Poretta ; — de celles d’Auvergne,
de Clermont-Ferrand, du Mont-d’Or, de Beaulieu, &c. ;
—- elle existe dans l’eau des bains de Bussang, dans
les Vosges; — de Vichy, — de Pougues, &c. ; enfin
on en trouve dans l’eau des sources jaillissantes du pied
du mont Hécla , en Islande. ( B l a c k . )
Quoique la Soude soit très-ahondante dans le règne
minéral, celle du commerce en provient rarement.
, La Soude que fournit ce règne est mélangée d’une
trop grande quantité de sel marin et de chaux carbonatée,
pour être exploitée avec avantage. Cette Soude
effleu rie et impure étoit appelée par les anciens aphro-
natron.
La Soude la moins impure et la plus employée, est retirée
par la combustion et l’incinération de plusieurs
espèces de plantes qui croissent dans la mer ou sur ses
rivages.
On croit que ce sel existe tout formé dans ces plantes
, et que la combustion ne fait que le dégager. Les
plantes qui fournissent la Soude sont très-nombreuses ;
ce sont sur-tout différentes espèces de salsola ou kali,
de salicorne, de chenopodium, tous les varecs, &c. On
cultive ces plantes, ou bien on récolte celles qui viennent
naturellement. On les fait sécher, pour les brûler
dans des fosses pratiquées dans la terre, et. dont les parois
sont fermes et unies. La cendre , à moitié fondue,
qui resuite de celte opération, est la Soude du commerce,
d’autant plus recherchée qu’elle est pluspure..Les
salsola donnent la meilleure soude, et parmi ces plantes
, la barille ( salsola sativa ) , cultivée principalement
en Espagne , donne la Soude dite à’Alicante, qui est
la plus estimée. Les plantes de différentes espèces connues
sous le nom général de blanquette, donnent une
Soude de- seconde qualité. Enfin les varecs. fournissent
une Soude beaucoup moins riche, et qui contient plus
de sel marin.
On obtient la Soude par le moyen de l’incinération ,
en France, sur les côtes de Cherbourg et sur celles du
Languedoc ; — en Espagne, dans les environs d’Alicante
; — dans le Levant. Celte dernière porte le nom
de rocchette lorsqu’elle est en pain, et de cendre du
Levant lorsqu’elle est en poudre. (Ch. Co q u e b e r t , j . d. m.)
Les usages de la Soude sont si multipliés qu’on ne usages,
peut indiquer ici que les principaux. Ce sel coinbiné
avec les huiles et toutes les graisses , donne différentes
sortes de savons. — Mêlé et fondu avec la silice, il produit
le verre le plus durable et le plus beau.