vny PREFACE.
La méthode dogmatique m’a donc paru la seule
que l’on pût adopter pour exposer les élémens de
la science que j’ai eu à traiter. J’ai dû établir de
suite les principes , quand il y en a de reconnus,
et les prouver en les appliquant aux faits qui
constituent la science. L’ordre qu’on doit suivre
dans l’exposition de ces faits est déterminé dans
la minéralogie comme dans les autres branches
de l’histoire naturelle par la classification ; et
c’est ici que se présente dans toute sa force la
prééminence de la méthode naturelle sur la méthode
artificielle : la classification naturelle est,
s’il est permis de s’exprimer ainsi, la seule élémentaire.
C’est en effet la seule dans laquelle
les espèces soient liées par de vrais rapports.
Les généralités de chaque classe , de chaque
ordre forment l’histoire élémentaire de la classe
et de l’ordre ; elles présentent à l’esprit un grand
nombre de propriétés communes qui font voir la
liaison intime qui existe entre les espèces.
Qu’on ne dise pas que les classifications artificielles
sont préférables , parce qu’elles sont plus
simples et plus faciles à saisir ; il est vrai qu’elles
sont simples, car elles n’apprennent presque rien;
mais n’est-ce pas tronquer une science sous prétexte
d’en rendre l’étude plus rapide, et peut-on se
flatter de la posséder quand on l’a apprise ainsi ?
Il faut espérer qu’à mesure que l’histoire naturelle
fera des progrès, on sentira de plus en plus
l’importance de la méthode naturelle et sa prééminence
sur la méthode artificielle, et qu’on ne
considérera plus cette dernière que comme un
PREFACE. i*
moyen commode d’arriver à trouver le nom d une
espèce.
Malheureusement la minéralogie est trop peu
avancée pour qu’on puisse se servir utilement de
la méthode naturelle ; cependant, maigre les difficultés
qu’on rencontre ici dans l’application de
cette méthode, elle est encore préférable à une
méthode artificielle. J’ai donc cru devoir présenter
l’histoire des minéraux dans l’ordre qui
m’a paru le plus naturel, et j’en ai développe les
principes dans l’introduction.
J’ai cru aussi devoir offrir sans omission la
série de toutes les espèces ; j’ai seulement eu
soin de passer légèrement sur les espèces peu
importantes. Je n’ai pas craint de surcharger la
mémoire par cette énumération complète. Je sais
par l’expérience que j’en ai faite en professant
dans les écoles centrales de Pans, qu’un élève ne
conserve dans sa mémoire qu’une partie des faits
qu’on lui a enseignés , à moins qu’on ne les lui ait
répétés un grand nombre de fois ; mais , si au lieu
de lui présenter les mêmes faits sous la même
face et d’une manière isolée, on parvient à les lier
ensemble au moyen de faits accessoires, quand
même ils sembleroient peu importans par eux-
mêmes : ceux-ci, en forçant de rappeler les faits
principaux, sont comme autant de miroirs qui
les réfléchissent et qui les présentent à l’esprit
sous différens points de vue; c’est bien une répétition
de l’objet qu’on veut graver dans la
mémoire ; mais’ c’est une répétition sans monotonie
j loin d’être fatigante , et par-là presqu’inu