Lieux. On trouve du Nitre dans plusieurs plaines de l’Espagne
, et même en assez grande quantité.
On en trouve peu en France ; on le cite en efflorescence
sur la craie dans le département de la Seine-
Inférieure , près d’Evreux ; on recueille ces efflorescences
sept à huit fois par an. ( B u f f c n . )
La Rochefoucault a remarqué que la craie de la
Roche-Guyon, dans laquelle on a creusé des habitations
, étoit couverte d’efflorescences de Nitre.
En Allemagne, on le trouve en croûte assez épaisse
sur les parois des grottes profondes qui sont creusées dans
le tuf de la montagne de Hoinburg. ( B r o c h a n t . )
On connoît en Italie la nitrière de la Molfetta dans
la Pouille. Elle a été découverte et décrite par Fortis en
1783. Cette nitrière est dans une cavité en entonnoir,
nommée Pulo. On croit que cette cavité est produite
par un affaissement. M. Patrin l’attribue à une sorte de
carie du terrein même. Le sol est calcaire, et le fond
est percé d’un grand nombre de petits trous. Ce sol
est fortement imprégné de Nitre, qui est toujours mêlé
de sel marin et de chaux sulfatée. La terre calcaire la
plus pure est celle qui donne le plus de Nitre ; la terre
argileuse qui y est mêlée n’en contient pas. Fortis a
remarqué que lorsqu’on multiplioit les surfaces de la
pierre calcaire, la production du Nitre devenoit plus
abondante.
11 y a encore dans la Pouille d’autres cavités semblables
qui produisent du Nitre ; elles sont toutes placées
dans le calcaire : aucune de ces nitrières n’est éloignée
de la mer.
La Hongrie semble être le pays des sels. Le Nitre y
est aussi très-commun. Il se trouve à la surface du sol
au N. O. de Debretzin. On l’éunit en tas ces terres sal-
pêtrées ; on les place sous des angards ; on recueille le
salpêtre qui s’effleurit à leur surface, et on le lessive.
( Tow n s o n . ) On trouve dans le même arrondissement,
et sur une étendue de soixante lieues, des sources
d’eaux nitrées qui sont à dix mètres de profondeur environ.
L ’Ukraine ,et sur-tout la Podolie fournissent à l’Europe
une grande quantité de Nilre. On le relire par
lixiviation du terreau noirâtre et fin qui recouvre ces
vastes plaines ; il est sur-tout abondant dans les monticules
coniques qu’on y remarque, et qui paroissent
avoir été élevées par les anciens habitans. Les hommes
qui exploitent ces terres, se transportent successivement
sur ces divers lieux avec tous les appareils nécessaires.
( T V o l f f . )
On trouve du Nitre en Perse dans les environs du
Volga. Il est très-commun dans l’Inde. La plus grande
partie de celui qui se vend à Guzarate, vient d’un ter-
rein en friche qui est à 60 lieues d’Agra dans le Bengale.
On prétend que les lieux déserts d’où on le retire,
étaient autrefois des villages très-peuplés.
On en trouve aussi dans l’Arabie, notamment dans
un vallon qui est entre le mont Sinaï et Suez.
Celui d’Egypte est remarquable, en ce qu’il ne contient
pas de nitrate calcaire. Il est, par cela , plus propre
à la fabrication de la poudre.
Le Nitre se trouve également au midi du Cap de
Bonne-Espérance. Il est abondant sur le sable du désert
nommé Karoo , qui est à l’Est du Cap , et près de la
source de là grande Fish-River. ( Barrow. )
Le salpêtre dont on fait la poudre aux Etats-Unis,
est extrait des terres que l’on recueille dans des grottes
de la partie montueuse du Kentucky. Ces grottes se
rencontrent sur le penchant des collines calcaires. La
terre qu’elles renferment est très-riche en Nitre. Comme
elles sont inhabitées , les seules matières qui puissent
fournir de la potasse sont les substances végétales que
le vent pousse accidentellement dans l’intérieur de ces
cavernes. ( M i c h a u x fils. )
Dans l’Amérique - Méridionale , les pâturages secs
des bords de la mer près de Lima sont couverts de