nev l’espèce dans la plupart des cas; ces développemens
nous conduiront à répondre aux objections que l’on
peut faire contre la définition que nous avons adoptée.
80. II. L ’espèce, avons-nous dit (76 ), est fondée
sur la composition chimique : tous les minéraux composés
des mêmes principes, dans des proportions déterminées
, appartiennent à la même espèce.
81. La définition que nous avons donnée de l’espèce
(76 et 80), est donc fondée en partie sur la détermination
des proportions dans les principes constiluans des
corps. Ces proportions étant variables dans beaucoup de
cas , comme l’a prouvé M. Berthollet, notre définition
devient vague , si nous ne pouvons donner des moyens
de reconnoître les combinaisons, que nous regarderons
seules comme formant des espèces distinctes.
Nous n’avons encore aucun moyen de déterminer
quelles seront les proportions que nous considérerons
comme types des espèces parmi les liquides, ni parmi
les corps solides qui n’ont point de forme cristalline.
Mais lorsque ces corps se présentent cristallisés , ils
indiquent, pour ainsi dire, une limite ou un point
fixe de combinaison , il paroît qu’ils ne sont plus susceptibles
de varier d’une manière notable dans la proportion
de leurs principes, sans varier en même temps
dans leurs formes. Nous pouvons même dire que dans
la nature la plupart des cristaux transparens , par conséquent
bien évidemment purs, qui dérivent d’une
même forme primitive, présentent dans leurs principes
essentiels des proportions constantes ; la chaux carbo-
natée cristallisée, la soude muriatée, la baryte sulfatée,
le plomb carbonaté, le mercure sulfuré, le fer oxidulé et
le fer oligiste même dont l’opacité pourroit dans quelques
cas cacher l’impureté, paroissent composés des mêmes
principes dans des proportions sensiblement constantes.
La forme de la molécule intégrante pourra donc
nous servir à établir les limites .des combinaisons que
nous regarderons comme espèces, et nous définirons
1 espèce minéralogique, une réunion d'individus ayant
la même composition et la même forme primitive. Nous
regardons la composition bien connue comme principe
de première valeur, et la forme primitive comme principe
de seconde valeur 1.
Ce principe qui nous paroît être le plus sûr qu’on
puisse choisir pour limiter les espèces, n’est point arbitraire
; il est une conséquence de l’observation; il
offre une base stable sur laquelle on s’appuye pour éloigner
les fausses espèces qu’on voudroit introduire sans
nécessité.
82. Ce principe nous apprendra encore à distinguer
dans beaucoup de cas, différons ordres de combinaisons
qui ne doivent pas être confondus. On conviendra,
par exemple, qu’il y a une grande différence entre les
combinaisons a proportions indéterminées, du sel avec
1 eau, de la silice avec la potasse, du mercure avec l’argent
dans l’amalgame liquide, et les combinaisons à proportion
déterminée des élémens qui constituent le sel
marin cristallisé , le mercure argentai rhomboïdal, la
chaux carbonatée, etc. Non-seulement les principes
constituans sont toujours en même quantité dans ces
cristaux, mais ils y paroissent plus fixes. La filtration mécanique,
par exemple, suffit pour enlever à l’amalgame
liquide le mercure, qui excède la quantité nécessaire
pour former le mercure argentai rhomboïdal; mais du
moment où cet excès de mercure est enlevé, il faut une
action beaucoup plus puissante, pour décomposer celte
combinaison d un ordre différent 2.
L’ explication de ce que l’on doit entendre par principe ou
caractère de première valeur, appartient à ta philosophie générale
de l’Histoire naturelle. Nous devons nous contenter d’en rappeler ici
la définition. Un caractère de première valeur est celui dont l'existence
dans une classe d’êtres, entraîne nécessairement la ressemblance
la plus complète , ou les analogies les plus nombreuses entre les êtres
qui la composent. Telle est la structure du coeur dans les animaux
celle du fruit dans les végétaux, &c.
1 Ce ne peut être ici lé lieu de discuter le caractère du genre
D