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de molécules similaires. Cetle similitude entre le tout
et ses parties ne se retrouve plus dans les animaux ni
dans les végétaux. Les feuilles ne représentent point
l’arbre en petit, comme un cube de sel représente en
petit une masse cubique du même sel. On voit déjà que,
dans les corps organisés, il y a des individus, c’est-à-
dire des tout s composés de molécules différentes qui ne
peuvent être divisés sans être détruits, tandis que, dans
les minéraux, on ne voit plus d’individus, mais seulement
des masses plus ou moins grosses qui peuvent être
divisées presqu’à l’infini en petites parties, ayant chacune
toutes les propriétés de la masse dont elles ont été séparées.
Les caractères ou propriétés communes distinctives
des minéraux se réduisent donc aux deux suivantes :
1. Croître par juxta-position ;
2. Etre composés de parties similaires *.
Elles distinguent les corps inorganisés, dont les minéraux
font partie, de tous les autres corps de la nature.
S- IX.
De la Cristallisation, de ses phénomènes et de ses loix.
12. L e s minéraux, et très - probablement tous les
corps inorganisés, quelle que soit leur origine a, jouis1
II ne Faut pas prendre les parties dissemblables dont sont composés
les minéraux mélangés par agrégation , pour des molécules
dissimilaires.
1 Le blanc de baleine, qui est d’origine animale, le camphre, le
sucre, etc. qui sont des productions de végétaux, sont susceptibles
de cristalliser. Ce sont en effet des corps inorganisés. Si on les trouvoit
naturellement dans la terre ou à sa surface, ils rentreroient dans le
domaine de la Minéralogie, comme le mélite, la houille, les bitumes.
I l est probable que tous les corps homogènes, dans lesquels les parties
sont réellement combinées, jouissent de la faculté de cristalliser,
faculté qui semble placer des points fixes dans les proportions des
combinaisons chimiques ; car je crois pouvoir avancer que tous les
corps homogènes cristallisés ayant la même forme primitive, sont
constamment composés des mêmes principes dans les mêmes proportions
, comme je le développerai plus bas.
sent d’une autre propriété très-remarquable; celle de
cristalliser, c’est-à-dire de prendre une forme polyédrique
à angles cônstans, lorsque les circonstances le
permettent.
Les loix suivant lesquelles cette belle propriété se manifeste,
méritent d’être développées particulièrement.
Les cristaux qui sont les produits de la cristallisation,
sont des corps terminés naturellement par un certain
nombre de facettes planes et brillantes, comme si elles
avoientété taillées et polies par un lapidaire. Ces facettes
font entre elles des angles qui sont constamment les
mêmes dans les divers échantillons d’une même variété
de cristal. Ce caractère essentiel les distingue des faux
cristaux : ceux-ci sont produits par une retraite assez
régulière 1 Il, mais l’inclinaison de leurs faces varie sans
suivre aucune loi.
i 3. Pour que cette propriété se manifeste, G’est-à-
dire pour que la cristallisation s’opère, il faut que les
corps soient place's dans certaines conditions : les unes
sont essentielles à la cristallisation , les autres la favorisent,
et ne sont qu’auxiliaires.
Il y a deux conditions essentielles :
i°. Les corps doivent être réduits à leurs molécules
intégrantes a, c’est-à-dire divisés jusqu’à ce que ces
1 On apprendra plus bas (43) à distinguer ces faux cristaux des
cristaux véritables.
1 On entend par molécules intégrantes d’un corps, les plus petites
parties dans lesquelles ce corps puisse être divisé sans être décomposé.
Les molécules intégrantes sont de même nature que la masse
qu’elles forment par leur agrégation. Les molécules constituantes
d’un corps sont des molécules de nature différente, qu i, par leur
réunion, forment les molécules intégrantes ; ainsi le cinabre composé
de soufre et de mercure , est réduit à ses molécules intégrantes
lorsqu’il est tellement divisé, qu’une division poussée plus loin sépa-
reroit les molécules de soufre de celles de mercure. Aucun moyen
mécanique connu, ne peut opérer ni l’une ni l’autre division ; on ne
peut y arriver qu’au moyen de l’action chimique.
Le développement de ces principes est du ressort de la physique et