objecter qu’on trouve à chaque instant sur la terre
des minéraux , qui n’ont pas même le degré de pureté
que semblent exiger nos principes. Nous devons
prévenir cette difficulté en faisant remarquer : i°. qu’il
est certains mélanges pierreux peu importans, qui n’ont
aucun caractère, et qui échappent aux classifications les
plus vagues et le3 plus arbitraires-, 2°. que les espèces,
sous-espèces, variétés, etc. telles que nous venons de les
déterminer, doivent être considérées comme des points
de repaire, à l’entour desquels on peut rassembler les
minéraux qui s’y rapportent le mieux, sans se faire une
loi d’une précision inadmissible dansla pratique ; 3°. qu’il
faut bien se garder de confondre les minéraux simples,
les seuls dont nous venons de parler, avec les minéraux
composés par agrégation , beaucoup plus communs
, plus abondans qu’eux, mais qui doivent être
classés en suivant des principes tout-à-fail différens. C’est
avoir fait un grand pas dans l’histoire des minéraux
agrégés , que de bien connoîlre les minéraux simples
qui les composent.
Ainsi, malgré la sévérité apparente de la définition
que nous avons donnée de l’espèce, malgré les règles
assez précises que nous avons suivies dans les définitions
des autres divisions ou abstractions, nous pouvons
dire que notre méthode n’est pas seulement spéculative
, mais qu’elle peut encore assez bien s’appliquer
à la classification des minéraux, dans l’état actuel de nos
connoissances.
A R T I C L E I V .
D e la Nomenclature.
121, S’il est avantageux de changer la nomenclature
d'une science, c’est lorsque la science change de face ;
si sa nomenclature est vicieuse ou ridicule, elle doit être
entièrement refondue pour être remplacée par une
nomenclature méthodique. Mais ce n’est pas le cas delà
Mineralogie. Quoique celte science ait fait de grands
progrès, elle est encore trop loin de la perfection pour
recevoir un système de nomenclature méthodique et
significative. Non-seulement on est trop peu avancé
dans la connoissance de la nature des minéraux, pour
leur donner des noms qui indiquent leur composition ;
mais en supposant la chose possible, ces noms devien-
droient de longues définitions qui souvent ne seroient
pas encore assez étendues pour être exactes et completes.
Ainsi sans jrien gagner du oôté de la précision,
on perdroit beaucoup du côté de la simplicité.
J 22. O r , la simplicité des noms est la première condition
d’une nomenclature. On verra que les noms
simples les plus ridicules l’ont toujours emporté, et l’emporteront
toujours sur les noms composés les plus philosophiques
: et quoiqu’on puisse distinguer la nomenclature
vulgaire de la nomenclature savante , encore
vaut-il mieux n’en avoir qu’une, si la chose est possible,
comme je le pense ; car plus les noms se multiplieront,
«tplus l'étude de la science deviendra pénible et fastidieuse.
La nomenclature minéralogique ne pouvant être
entièrement refondue comme l’a été la nomenclature
chimique, il ne faut pas y faire de changemens partiels
sans une nécessité absolue. Je mettrai donc autant de
soin à ne pas créer de nouveaux noms, qu’on semble
avoir mis, dans ces derniers temps, d’empressement à
multiplier des noms d’espèce pour désigner les sous-
variétés les moins importantes.
123. Ce n’est pas que je prétende'employer tous les
noms ridicules et faux de l’ancienne Minéralogie, uniquement
parce qu’ils étoient adoptés. Je chercherai seulement
a faire servir méthodiquement ceux qui peuvent
être conservés, et je suivrai pour la Minéralogie la marche
que Linnæus nous a tracée. Lorsque je serai dans le
cas de choisir, je préférerai toujours les noms insigni-
fians aux noms trop significatifs : car il n’y a aucune
E