raison pour changer des noms réellement insigttinans;
ils ne présentent et ne présenteront jamais d’idée fausse.
Au contraire, non-seulement les noms significatifs ne
peuvent presque jamais remplacer une définition , mais
ils deviennent encore sujets à exprimer des erreurs au
bout d’un certain temps ; ils sont donc susceptibles d’être
changés à mesure que la science se perfectionne.
Ainsi la nomenclature chimique qui peut être très-
bonne pour la chimie, dans laquelle la synthèse est une
preuve irrécr able de l’analyse , est souvent plus gênante
qu’utile dans la Minéralogie ; on ne pourroit pas même
espérer qu’elle y devînt jamais générale, à cause de la
nature très-composée de certains minéraux. D’ailleurs, les
genres des minéraux ne sont pas seulement fondes sur les
principes constituans ; ils sont encore établis sur la difference
des propriétés importantes des composes ( 1 t 4 ) ■
Ainsi l’alumine dans l’alun, et l’alumine dans le corrin-
don, devra toujours former la base de deux genres distincts
qu’il faudra nécessairement désigner par des noms diffé-
rens. D’après ces principes , j’aurois dû n’avoir aucun
égard à la nomenclature chimique ; mais fidèle à la loi
que je me suis faite de respecter les noms généralement
adoptés, j’ai dû conserver les noms chimiques aux minéraux
dont la composition paroît bien connue. Cependant
je restreins, par deux conditions, l’usage que j’en ferai,
j °. Il faut que ces noms ne soient pas composés de plus
de deux mots pour une espèce; a°. il faut qu’ils indiquent
exactement et avec certitude la nature du minéral
auquel on les applique.
124, Dans tout autre cas , je choisirai parmi les synonymes
, le nom que je croirai devoir préférer, soit parce
qu’il est le plus généralement adopté, soit parce qu’il
est le plus sonore, ou le plus simple. Or la plupart
des pierres ont déjà tant de noms, qu’on n’est embarrassé
que par le choix. Je chercherai donc à employer
m é th o d iq u em en t, et à la manière de Linnæus, la nomenclature
qui existe, lorsqu’elle ne sera pas dans une
contradiction trop évidente avec les connoissances acquises.
De cette manière je n’embarrasserai pas d’une
nouvelle synonymie la mémoire et la science ; et en
appuyant de ma foible autorité une nomenclature déjà
reçue, je contribuerai à la rendre encore plus usuelle.
125. J’ai souvent préféré des noms substantifs aux noms
adjectifs pour nommer les espèces et même les variétés
de couleur. J’y trouve l’avantage de consacrer des noms
triviaux généralement adoptés ; de permettre d’employer
ces noms dans le courant du discours , sans être
obligé de joindre perpétuellement deux noms; de ne-
point spécifier d’une manière très-précise, comme le
feroient des noms adjectifs, la composition, la dureté,
la texture ou les couleurs qui peuvent varier même dans
une variété, sans cependant que cette variété change
de valeur ou de rang.
Je dirai donc quarts améthyste au lieu de quarts violet
; quartz sinople au lieu de quartz rouge, car il y a
du quartz rouge qui n’est pas du sinople.
Je dirai cuivre malachite au lieu de cuivre carbonate
vert ; cuivre azuré, au lieu de cuivre carbonaté bleu, etc.
Ces qualifications chimiques qui spntpeut-être inexactes,
sont d’ailleurs beaucoup trop longues pour des noms.
C’est dans la description des minéraux que je pourrai
spécifier leur nature et leurs qualités avec tous les détails
nécessaires.
La plupart des noms de genres et d’espèces, dont je me
servirai, seront empruntés deM. Haüy, auquel la Minéralogie
est redevable de la détermination précise des
genres et des espèces qu’on peut établir dans cette science.
Les noms des sous-espèces, des variétés, des sous-variétés,
seront ceux que M. Werner ou ses élèves ont donnés souvent
comme noms d’espèce. Je trouve dans cette marche
l’avantage d’employer et de faire concorder les deux nomenclatures
le plus généralement adoptées, de multiplier
les noms simples, et de rendre par ce moyen les descriptions
géologiques plus courtes, plus faciles et plus claires.