quelquefois si peu à la combinaison principale , qu un
simple moyen mécanique suffit pour l’en séparer. C est
probablement ainsi que le chrome s’unit au béril, dans
des proportions indéterminées, tandis que la molécule
intégrante du béril reste toujours la même : c’est ainsi
que les matières et les sels qui colorent et altèrent le
set gemme cristallisé, peuvent s’en séparer par des
lavages et des cristallisations, tandis que ces opérations
« ’influent en aucune manière sur les principes cons-
tiiuans de ce sel. La force qui réunit les principes du
sel gemme , est donc beaucoup plus puissante que celle
au moyen de laquelle les matières étrangères, dont nous
venons de parler, lui étoient attachées. Ces matières
étoient cependant combinées avec ce sel jusqu’à un certain
point, puisqu’elles ne se séparoient point de la dissolution
par le repos, qu’elles ne la troubloient point, et
qu’elles n’enlevoient point la transparence des cristaux.
Nous reviendrons sur ce sujet, en parlant des sous-
espèces ou variétés de l’espèce ( 106 ).
84. III. Il arrive souvent qu’une espèce minérale est
mêlée d’une autre espèce, qui n’a contracté avec
elle aucune union chimique, et qui pourroit même
s’en séparer par des moyens mécaniques. Ce cas, qui
se rencontre très-fréquemment dans l’observation des
minéraux , rend quelquefois la détermination chimique
de l’espèce, difficile ou même impossible, dans l’état
actuel de la|chimie. C’est ici que l’influence de la forme
est d’un grand secours. Au milieu de ces altérations
l’espèce principale conserve quelquefois sa forme , et
celle forme qui est peut-être toujours en rapport avec la
composition (81 et 82), détermine sans incertitude l’espèce
dominante. Ainsi, dans le grès calcaire, l’analyse
chimique indique bien la présence de la chaux, de l’acide
carbonique et de la silice, mais elle ne fait pas connoître
si ces substances sont réunies toutes trois avec une égale
force, ou si deux sont réunies entre elles avec plus de
force qu’elles ne le sont avec la troisième. Elle n’apprend
pas non plus si c’est la chaux carbonatée qui souille le
quartz, selon l’expression de Bergman , ou le quartz qui
souille la chaux carbonatée. La forme que prend ce
mélange lève la difficulté, et prouve que la chaux car-
bonatée est l’espèce principale.
Dans ce cas, la forme déterminera donc l’espèce et
suppléera à l'analyse.
85. IV. Dans d’autres cas , l’analyse chimique ne
peut rien prononcer sur la réunion ou sur la séparation
des espèces. Tantôt cette analyse 11’existe pas,
tantôt elle est mal faite ou incertaine ; enfin, elle est
souvent insignifiante, c’est-à-dire, qu’elle ne nous apprend
rien sur la manière dont les principes des minéraux
sont réunis entre eux ; telles sont les analyses de la
plupart des pierres et de beaucoup de combustibles 1.
86. Si les minéraux qu’on étudie , c’est-à-dire, qu’on
cherche à classer (70), sont cristallisés avec la netteté
suffisante , on pourra déterminer assez bien l’espèce au
moyen de la forme ; 011 pourra du moins séparer, avec
certitude , en autant d’espèces tous ceux qui auront des
formes differentes. Mais si ces minéraux impurs ou mal
analysés n’ont point de formes cristallines, il faudra avoir
recours, pour les rapprocher des espèces connues ou
’ Lorsqu’une pierre n’est point transparente ou lorsqu’un minéral
naturellement opaque , n’est point parfaitement homogène, on
peut affirmer , dans la plupart des cas (*) , que c’est un mélange de
différentes espèces. Les individus qui le composent peuvent y être
dans des proportions très-variables. L’analyse d’un semblable minéral
telle qu’on nous la donne actuellement, apprend donc très-peu de
chose sur sa véritable nature. Les analyses en indiquant la silice ,
l’alumine , la chaux , le fe r , etc. dans le plus grand nombre des
minéraux, font assez bien connoître la somme des substances contenues
dans ces minéraux, mais elles ne nous instruisent ni sur la nature
des espèces qui, par leur mélange , peut-être même par leur combinaison
, forment un minéral, ni sur leurs proportions entre elles ; elles
ne peuvent par conséquent nous faire connoître la place que doit
occuper ce minéral dans le système naturel des corps inorganiques.
C*} Voyez les cas qui l’ont exception (58).