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la lumière tombe fur ces corps, & de la hauteur du plan
dans lequel ils fe trouvent.
Lorfqu’il y a dans une liqueur des corps qui fe meuvent
avec une grande vîteffe, fur-tout lorfque ces corps font à
la furface, ils forment parleur mouvement une elpèce de
filon dans la liqueur, qui paraît fuivre le corps en mouvement
, & qu’on ferait porté à prendre pour une queue ;
cette apparence m’a trompé quelquefois dans les com-
mencemens, & j ’ai reconnu bien clairement mon erreur,'
lorfque ces petits corps venoient à en rencontrer d’autres
qui les arrêtoient, car alors il n’y avoit plus aucune apparence
de queue. C e font-ià les petites remarques que j ’ai
faites, & que j’ai cru devoir communiquer à ceux qui
voudraient faire ufage du microfcope fur les liqueurs.
P r e m i è r e E x p é r i e n c e .
J ’ai fait tirer des véficules féminales d’un homme mort
de mort violente, dont le cadavre étoit récent & encore
chaud, toute la liqueur qui y étoit contenue, & l’ayant
fait mettre dans un cryftal de montre couvert, j’en ai pris
une goutte alfez greffe avec un cure-dent, & je l’ai mife
fur le porte-objet d’un très-bon microfcope double,
fans y avoir ajoûté de l’eau & fans aucun mélange. La
première chofe qui s’eft préfentée, étoient des vapeurs
qui montoient de la liqueur vers la lentille & qui l’obfcur-
ciffoient. Ces vapeurs s’élevoient de la liqueur féminale
qui étoit encore chaude, & il fallut effuyer trois ou quatre
fois la lentille avant que de pouvoir rien diflinguer. Ces
vapeurs
vapeurs étant diffipées, je vis d’abord (F ig . 1 , p l. 1 ) des
filamens afTez gros, qui dans de certains endroits fe ra-
mifioient & paroifToient s’étendre en différentes branches,
& dans d’autres endroits ils fe pelotonnoient & s’entre-
mêloient. Ces filamens me parurent très clairement agitez
intérieurement d’un mouvement d’ondulation, & ils pa-
roiffoient être des tuyaux creux, qui contenoient quelque
chofe de mouvant. Je vis très-diflinélement ( Fig. 2 ,p l. i .)
deux de ces filamens qui étoient joints fuivant leur longueur,
fe féparer dans leur milieu & agir l’un à l’égard de
l’autre par un mouvement d’ondulation ou de vibration, à
peu près comme celui de deux cordes tendues qui feraient
attachées & jointes enfem.ble par les deux extrémités, &
qu’on tirerait par leur milieu, l ’une à gauche & l’autre à
droite, & qui feraient des vibrations par lefquelles cette
partie du milieu fe rapprocherait & s’éloignerait alternativement
; ces filamens étoient compofez de globules qui fe
touchoient & relfembloient à des chapelets. Je vis enfuitc
( F ig .j,p l. i.J des filamens qui fe bourfoufloient & fe
gonfloient dans de certains endroits, & je reconnus qu’à
côté de ces endroits gonflez il fortoit des globules & de
petits ovales qui avorent (P l. i,f ig . f . ) un mouvement
diftinél d ’ofcillation, comme celui d’un pendule qui ferait
horizontal : cés petits corps étoient en effet attachez au
filament par un petit filet qui s’alongeoit peu à peu à
mefure que le petit corps fe mouvoit, & enfin je vis ces
petits corps fe détacher entièrement du gros filament,
& emporter après eux le petit filet par lequel ils étoient
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