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huit ou dix ans, ou même à l ’âge de puberté ; ainfi on ne
doit pas s’inquiéter pour les enfans qui n’ont point de tef-
ticules ou qui n’en ont qu’un. Les adultes font rarement
dans le cas d’avoir les tefticules cachez, apparemment qu’à
l ’âge de puberté la Nature fait un effort pour les faire paroî-
tre au dehors; c ’eft auffi quelquefois par l’effet d’une maladie
ou d’un mouvement violent, tel qu’un faut ou une
chute, &c. Quand même les tefticules ne fe manifeftent
pas, on n’en eft pas moins propre à la génération ; l’on a
même obfervé que ceux qui font dans cet état, ont plus
de vigueur que les autres.
Il fe trouve des hommes qui n’ont réellement qu’un
tefticule, ce défaut ne nuit point à la génération ; l ’on a
remarqué que le tefticule qui eft feu!, eft alors beaucoup
plus gros qu’à l ’ordinaire : il y a auffi des hommes qui en
ont trois, ils font, d it -o n , beaucoup plus vigoureux &
plus forts de corps que les autres. On peut voir par
l ’exemple des animaux, combien ces parties contribuent
à la force & au courage ; quelle différence entre un boeuf
& un taureau , un bélier & un mouton, un coq & un
chapon !
L ’ufage de la caftration des hommes eft fort ancien &
affez généralement répandu, c ’étoit la peine de l’adultère
chez les Egyptiens ; il y avoit beaucoup d’eunuques chez
les Romains, aujourd’hui dans toute i’Afie & dans une
partie de l ’Afrique on fe fert de ces hommes mutilez
pour garder les femmes. En Italie cette opération infâme
&. cruelle n’a pour objet que la perfeélion d’un vain talent.
d e l’ H o m m e . 4.83
Les Hottentots coupent un tefticule dans l’idée que ce
retranchement les rend plus légers à la courfe ; dans d’autres
pays les pauvres mutilent leurs enfans pour éteindre
leur poftérité , & afin que ces enfans ne fe trouvent pas
un jour dans la mifère & dans l’affliction où ils fe trouvent
eux-mêmes lorfqu’ils n’ont pas de pain à leur donner.
Il y a piufieurs efpèces de caftration ; ceux qui n’ont en
vue que la perfeétion de la voix, fe contentent de couper
les deux tefticules, mais ceux qui font animez par la défiance
qu’infpire la jaloufie, ne croiroient pas leurs femmes
en fûreté fi elles étoient gardées par des eunuques de cette
efpèce, ils ne veulent que ceux auxquels on a retranché
toutes les parties extérieures de la génération.
L ’amputation n’eft pas le foui moyen dont on fe foit
forvi ; autrefois on empêchoit l ’accroiflement des tefticules
, & on les détruifoit, pour ainfi dire, fans aucune
incifion ; l’on baignoit les enfans dans l’eau chaude & dans
des décodions de plantes, & alors on preffoit & on froif-
foit les tefticules affez long-temps pour en détruire l’orga-
nifation ; d’autres étoient dans l’ufage de les comprimer
avec un inftrument : on prétend que cette forte de caftration
ne fait courir aucun rifque pour la vie.
L ’amputation des tefticules n’eft pas fort dangereufo,
on peut la faire à tout â g e , cependant on préfère le temps
de l’enfance ; mais l’amputation entière des parties extérieures
de la génération eft le plus fouvent mortelle, fi on
la fait après l’âge de quinze ans, & en choififfant l’âge le
plus favorable qui eft depuis fopt ans jufqu’à dix, il y a