fenfation corporelle, femblable à celle des animaux qui
gémiffent ' auffi dès qu’ils font n e z , & que les fenfations
de lame ne commencent à fe manifefter qu’au bout de
quarante jours, car le rire & les larmes font des produits
de deux fenfations intérieures, qui toutes deux dépendent
de faction de lame. La première eft une émotion agréable
qui ne peut naître qu’à la vue ou par le fouvenir d un
objet connu, aimé & déliré, l ’autre eft un ébranlement
défagréable, mêlé d’attendriffement & d’un retour fur
nous-mêmes ; toutes deux font des partions qui fuppofent
des connoiflances, des comparaifons & des réflexions,
auffi le rire & les pleurs font-ils des fignes particuliers à
l ’efpèce humaine pour exprimer le piaifir ou la douleur
de famé, tandis que les cris, les inouvemens & les autres
Agnes des douleurs & des piaifirs du corps, font communs
à l’homme & à la plupart des animaux.
Mais revenons aux parties matérielles & aux affections
du corps : la grandeur de l’enfant né à terme eft ordinairement
de vingt - un pouces , il en naît cependant de
beaucoup plus petits, & il y en a même qui n’ont que
quatorze pouces, quoiqu’ils aient atteint le terme de neuf
mois, quelques autres au contraire ont plus de vingt-un
pouces. La poitrine des enfans de vingt-un pouces, me-
furée ffir la longueur du fternum, a près de trois pouces,
& feulement deux lorfque l’enfant n’en a que quatorze.
A neuf mois le foetus pèfe ordinairement douze livres,
& quelquefois jufqu’à quatorze; la tête du nouveau-né
eft plus greffe à proportion que le refte du corps, & cette
difproportion qui étoit encore beaucoup plus grande dans
le premier âge du foetus, ne difparoît qu’après la première
enfance; la peau de l ’enfant qui naît, eft fort fine, elle
paraît rougeâtre, parce qu’elle eft affez tranfparente pour
laiffer paraître une nuance foible de la couleur du fang;
on .prétend même que les enfans dont la peau eft la
plus rouge en naiffant, font ceux qui dans la fuite auront
la peau- la plus belle & la plus blanche.
La forme du corps & des membres de l ’enfant qui
vient de naître, n’eftpas bien exprimée, toutes les parties
font trop arrondies, elles paroiffent même gonflées lorfque
1 enfant fe porte bien.& qu’il ne manque pas d’embonpoint.
A u bout de trois jours il furvient ordinairement
une jauniffe, & dans ce même temps il y a du lait dans
les mamelles dc l ’enfant, qu’on exprime avec les doigts ;
la fur-abondance des focs & le gonflement de toutes les
parties du corps diminuent enfuite peu à peu à mefure que
l ’enfànt prend de l ’accroiffement.
On voit palpiter dans quelques enfans nouveaux-nez
le fommet de la tête à l’endroit de la fontanelle, & dans
tous on y peut lèntir le battement des finus ou des artères
du cerveau,, fi on y porte la main. Il fe forme au deffus
de cette ouverture une efpèce de croûte ou de galle,
quelquefois fort épaiffe, & qu’on eft obligé de frotter
avec des broffes pour la faire tomber à mefure qu’elle fo
sèche : il femble que cette production qui fe fait au
deffus de l’ouverture du crâne, ait quelqu’analogie avec
celle des cornes des animaux, qui tirent auffi leur origine
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