qu’au contraire les oeufs femelles contenoient des milliers
de générations d’oeufs mâles 6c d’oeufs femelles, de forte
que dans le même temps 6c dans la même femme il y
a toujours un certain nombre d’oeufs capables de fe développer
à l ’infini, 6c un autre nombre d’oeufs qui ne
peuvent fe développer qu’une fois : 6c de même dans
l’autre fÿftème, le premier homme contenoit des vers
fpermatiques , les uns mâles 6c les autres femelles ; tous
les vers femelles n’en contiennent pas d’autres, tous les
vers mâles au contraire en contiennent d’autres, les uns
mâles 6c les autres femelles , à l’infini, 6c dans le même
homme 6c en même temps il faut qu’il y ait des vers qui
doivent fe développer à l ’infini, 6c d’autres vers qui ne
doivent fe développer qu’une fois : je demande s’il y a
aucune apparence devrai-femblance dans ces fuppofitions.
Une troifième difficulté contre ces deux fÿftèmes,
c ’efl la reffemblance des enfans, tantôt au père, tantôt
à la mère , 6c quelquefois à tous les deux enfemble, 6c
les marques évidentes des deux efpèces dans les mulets
6c dans les animaux mi-partis. Si le ver fpermatique de la
femence du père doit être le foetus, comment fe peut- il
que l’enfant reffemble à la mère i 6c fi le foetus efl pré-
exiflant dans l’oeuf de la mère, comment fe peut-il que
l ’enfant reffemble à fon père ! 6c fi le ver fpermatique
d’un cheval ou l’oeuf d’une âneffe contient le foetus,
comment fe peut-il que le mulet participe de la nature
du cheval 6c de celle de l’âneffe!
Ces difficultés générales, qui font invincibles, ne font
pas les feules qu’on puiffe faire contre ces fÿfîcmes, il
y en a de particulières qui ne font pas moins fortes; 6c
pour commencer par le lÿflème des vers fjaermatiques,
ne doit-on pas demander à ceux qui les admettent 6c
qui imaginent que ces vers fe transforment en homme,
comment ils entendent que fe fait cette transformation,
6c leur objeéter que celle des infeétes n’a 6c ne peut avoir
aucun rapport avec celle qu’ils fuppofent! car le ver qui
doit devenir mouche, ou la chenille qui doit devenir
papillon, paffe par un état mitoyen, qui efl celui de la chry-
fàlide, 6c lorfqu’il fort de la chryfalide, il efl entièrement
formé, il a acquis fa grandeur totale 6c toute la perfection
de fâ forme,. 6c il efl dès-lors eh état d’engendrer au
lieu que dans la prétendue transformation du ver fpermatique
en homme, on ne peut pas dire qu’il y ait un
état de chryfalide, 6c quand même on en fuppoferoit un
pendant les premiers jours de la conception , pourquoi
la production de cette chryfalide fuppofée n’efl-elle pas
un homme adulte 6c parfait, 6c qu’au contraire ce n’efl
qu’un embryon encore informe auquel il faut un nouveau
développement! on voit bien que l’analogie efl ici violée,
6c que bien-loin de confirmer cette idée de la transformation
du ver fpermatique, elle la détruit lorfqu’on prend
la peine de l’examiner.
D ’ailleurs le ver qui doit fe transformer en mouche
vient d’un oeuf, cet oeuf efl le produit de la copulation
des deux sèxes, de la mouche mâle 6c de la mouche femelle
, 6c il renferme le foetus ou le ver qui doit enfuite