temps, les mufcles, les chairs & toutes les autres parties
qui compofent leur corps, étant moins fortes, moins comp
are s , moins folides que celles du corps de l ’homme, il
faut moins de temps pour qu’elles arrivent à leur développement
entier, qui eft le point de perfeétion pour la
forme ; aulfi le corps de la femme eft ordinairement à vingt
ans aufti parfaitement formé que celui de l ’homme l ’eft à
trente.
L e corps d’un homme bien fait doit être carré, les mufcles
doivent être durement exprimez, le contour des
membres fortement delfiné , les traits du vifage bien
marquez. Dans la femme tout eft plus arrondi, les formes
font plus adoucies, les traits plus fins ; l’homme a la force
& la majefté , les grâces & la beauté font l ’appanage de
L’autre sèxe.
Tout annonce dans tous deux les maîtres de la terre, tout
marque dans l’homme, même à l ’extérieur, fa fupériorité
fur tous les êtres vivans ; il fe foûtient droit & élevé, fon
attitude eft celle du commandement, là tête regarde le
ciel & préfente une face augufte fur laquelle eft imprimé
le caractère de fa dignité ; l’image de l’ame y eft peinte par
la phyfionomie , l’excellence de fa nature perce à travers
les organes matériels & anime d’un feu divin les traits de
fon vifage ; fon port majeftueux, fa démarche ferme &
hardie annoncent là nobleffe & fon rang ; il ne touche à
la terre que par fes extrémités les plus éloignées , il ne la
voit que de loin, & femble la dédaigner ; les bras ne lui
font pas donnez pour fcryir de piliers d’appui à la maffe
de fon corps, fa main ne doit pas fouler la terre, & perdre
par des frottemens réitérez la fineffe du toucher dont elle
eft le principal organe ; le bras & la main font faits pour
fervir à des ufàges plus nobles , pour exécuter les ordres
de la volonté, pour faifir les chofes éloignées, pour écarter
les obftacles, pour prévenir les rencontres & lé choc de ce
qui pourrait nuire , pour embraffer & retenir ce qui peut
plaire, pourle mettre à portée des autres fens.
Lorfque l ’ame eft tranquille, toutes les parties du vifage
font dans un état de repos , leur proportion , leur union ,
leur enfemble marquent encore affez la douce harmonie
des penfées, & répondent au calme de l’intérieur ; mais
lorfque lame eft agitée, la face humaine devient un tableau
vivant, où les partions font rendues avec autant de délica-
tefle que d’énergie, où chaque mouvemènt de lame eft
exprimé par un trait, chaque aétion par un caraélère, dont
l ’impreflion vive &*promPte devance la volonté, nous
décèle & rend au dehors par des fignes pathétiques les
images de nos fècrettes agitations.
C ’eft fur-tout dans les yeux qu’elles fe peignent âc
qu’on peut les reconnoître ; l’oeil appartient à Partie plus
qu’aucun autre organe, il femble y toucher & participer
à tous fes mouvemens, il en exprime les partions les plus
vives & les émotions les plus tumultueufes , comme les
mouvemens les plus doux & lesfentimens les plus délicats
; il les rend dans toute leur force , dans toute leur
pureté tels qu’ils viennent de naître, il les tranfmet par des
traits rapides qui portent dans une autreame le feu, l ’aétion,