laiffer tromper par l’apparence 6c fermer volontairement
les yeux à la lumière qui doit nous la faire diltinguer de
la réalité.
Après avoir confidéré l’homme intérieur, 6c avoir démontré
la Ipiritualité de fon ame, nous pouvons maintenant
examiner l’homme extérieur 6c faire 1 hiftoire de fon corps,
nous en avons recherché l’origine dans les chapitres pre-
cédens, nous avons expliqué fa formation 6c fon développement
, nous avons amené l ’homme jufqu’au moment
de fa naiffance, reprenons-le où nous l’avons laiffe, parcourons
les différens âges de fa v ie , 6c conduifons-le a
cet inftant où il doit fe féparer de fon corps, 1 abandonner
& le rendre à la malfe commune de la matière à laquelle
il appartient.
HISTOIRE NATURELLE
D E L ’ H O M M ED
e l ’Enfance.
O l quelque chofe efl capable de nous donner une idée
de notre foibleffe, c’eft l ’état où nous nous trouvons
immédiatement après la naiffance ; incapable de faire
encore aucun ufage de fes organes 6c de fe fervir de
fes fens, l ’enfant qui naît a hefoin de fecours de toute
efpèce, c ’eft une image de misère & de douleur, il cil
dans ces premiers temps plus foible qu’aucun des animaux,
fa vie incertaine 6c chancelante paraît devoir finir
à chaque inftant; il ne peut fe foûtenir ni fe mouvoir, à
peine a-t-il la force néceffairepour exifier 6c pour annoncer
par des gémiffemens les fouffrances qu’il éprouve ,
comme fi la Nature vouloit l ’avertir, qu’il elt né pour
fouffrir, 6c qu’il ne vient prendre place dans l’efpèce humaine
que pour en partager les infirmités 6c les peines.
Ne dédaignons pas de jeter les yeux fur un état par
lequel nous avons tous commencé, voyons-nous au
berceau, paffons même fur le dégoût que peut donner
le détail des foins que cet état exige, 6c cherchons par
quels degrés cette machine délicate, ce corps naiffant,
K k k iij