L e tefticule gauche étoit auffi fain que ie droit, mais il
étoit pius blanc & plus uni à fa furface; car quoiqu’il y eût
quelques véficules un peu proéminentes, il n’y en avoit
cependant aucune qui fortît en forme de mamelon, elles
étoient toutes fembiables les unes aux autres & fans matière
glanduleufe, & la trompe correfpondante n’étoit ni
gonflée, ni rouge.
Dans une petite fille de cinq ans il trouva les tefticules
avec leurs véficules, leurs vaiiï'eaux fanguins, leurs fibres
& leurs nerfs.
Dans les tefticules d’une femme de foixante ans il trouva
quelques véficules & les veftiges de l’ancienne fubftance
glanduleufe, qui étoient comme autant de gros points d’une
matière de couleur jaune-brune & obfcure.
D e toutes ces obfervations Valifhieri conclut que l’ouvrage
de la génération fe fait dans les tefticules de la femelle,
qu’il regarde toûjours comme des ovaires, quoiqu il
n’y ait jamais trouvé d ’oeufs, & qu’il ait démontré au contraire
que les véficules ne font pas des oeufs; il dit auffi
qu’il n’eft pas néceflaire que la fie m en ce du mâle entre
dans la matrice pour féconder l’oeuf; il fuppofe que Cet
oeuf fort par le mamelon du corps glanduleux après qu’il
a été fécondé dans l’ovaire, que de-là il tombe dans la
trompe, où il ne s ’attache pas d’abord, qu’il defcend &
s’augmente peu à peu, & qu’enftn il s’attache à fa matrice :
il ajoute qu’il eft perfuadé que l’oe uf eft caché dans la cavité
du corps glanduleux, & que c ’eft-là où fe fait tout
l’ouvrage de la fécondation, quoique, dit-il, ni moi ni
D e s A n i m a u x .
aucun des Anatomiftes en qui j ’aie eu pleine confiance,
n’ayions jamais vu ni trouvé cet oeuf.
Selon lui, l ’efprit de la femence du mâle monte à l ’o vaire
, pénètre l’oeuf, & donne ie mouvement au foetus qui
eft préexiftant dans cet oeuf. Dans l’ovaire de la première
femme étoient contenus des oeufs, qui non feulement
renfermoient en petit tous les enfans qu’elle a faits ou
qu’elle pouvoit faire, mais encore toute la race humaine,
toute fa poftérité jufqu a l’extinction de l ’ëfpèce. Que fi
nous ne pouvons pas concevoir ce développement infini
& cette petitefle extrême dés individus contenus les uns
dans les autres à l’infini, c ’eft, dit-il, la.faut.e de notre
efprit, dont nous reconnoiflons tous les jours la foiblefte:
il n’en eft pas moins vrai que tous les animaux qui ont
été, font & feront, ont été créez tous à la fois, & tous
renfermez dans les premières- femelles. La reflcmbJance
des enfans à leurs pàrens ne vient,, félon lui, que de l ’imagination
de la mère, la force de cette imagination eft
fi grande & fi puiflante fur le foetus, qu’elle peut produire
des taches, des monftruofités, des dérangemens de parties,
des accroifTemens. extraordinaires, auffi-bien que des refi-
ferriblances parfaites.
C e lÿftème des oeufs, par lequel, comme l’on vo it,
on ne rend raifon de rien, & qui eft fi mal fondé, aurait
cependant emporté les fufïrages unanimes de tous les Phy-
ficiens, fi dans les premiers temps qu’on a voulu l’établir,,
on n’eût pas fait un autre fÿftème fondé fur la découverte
des animaux fpermatiques.