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génération de l'homme & des animaux qui ont des sèxes,
& pour laquelle il eft néceffaire que deux individus concourent!
on entend bien par ce qui vient d’être dit, comment
chaque individu peut produire Ton femblable, mais
on ne conçoit pas comment deux individus, l’un mâle &
l’autre femelle, en produifent un troisième qui a conftam-
ment l’un ou l ’autre de ces sèxes, il femble même que la
Théorie qu’on vient de donner nous éioigne de l’explication
de cette efpèce de génération, qui cependant eft
celle qui nous intéreffe le plus.
Avant que de répondre à cette demande, je ne puis
m’empêcher d’obferver qu’une des premières chofes qui
m’aient frappé lorfque j’ai commencé à faire des réflexions
fuivies fur la génération, c ’eft que tous ceux qui ont fait
des recherches & des fyftèmes fur cette matière, fe font
uniquement attachez à la génération de l’homme & des
animaux, ils ont rapporté à cet objet toutes leurs idées,
6c n’ayant confidéré que cette génération particulière, fans
faire attention aux autres efpèces de générations que la
Nature nous offre, ils n’ont pû avoir d’idées générales fur
la reproduction ; 6c comme la génération de l’homme &
des animaux eft de toutes les efpèces de générations la plus
compliquée, ils ont eu un grand défavantage dans leurs
recherches, parce que non feulement ils ont attaqué le
point le plus difficile 6c le phénomène le plus compliqué,
mais encore parce qu’ils n’avoient aucun fujet de com-
paraifon dont il leur fût poffible de tirer la folution de la
queftion ; c’eft à cela principalement que je crois devoir
attribuer
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attribuer le peu de fuccès de leurs travaux fur cette matière;
au lieu que je fuis perfuadé que par la route que j ai
prife on peut arrivera expliquer d’une manière fatisfaifante
les phénomènes de toutes les efpèces de générations.
Celle de l ’homme va nous fervir d’exemple, je le prens
dans l ’enfance, & je conçois que le développement ou
l ’accroiflement des différentes parties de fon corps fe fai-
fànt par la pénétration intime des molécules organiques
analogues à chacune de fes parties, toutes ces molécules
organiques font abforbées dans le premier âge 6c entièrement
employées au développement, que par confequent
il n’y en a que peu ou point de fuperflues, tant que le développement
n’eft pas achevé, 6c que c ’eft pour cela que
les enfàns font incapables d’engendrer ; mais lorfque le
corps a pris la plus grande partie de fon accroiffement, il
commence à n’avoirplus befoin d’une auffi grande quantité
de molécules organiques pour fe développer, le fuperffu
de ces mêmes molécules organiques eft donc renvoyé de
chacune des parties du corps, dans des réfervoirs deftinez
à les recevoir, ces réfervoirs font les tefticules 6c les vefi-
cules féminales : c ’eft alors que commence la puberte,
dans le temps, comme on voit, où le développement du
corps eft à peu près achevé ; tout indique alors la fur-abondance
de la nourriture, la voix change 6c groffït, la barbe
commence à paraître, pluffeurs autres parties du corps le
couvrent de poil, celles qui font deftinées à la génération
prennent un prompt accroiffement, la liqueur féminale
arrive 6c remplit les réfervoirs qui lui font préparez, 6c
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