146 H i s t o i r e Na t u r e l l e .
folides des animaux en donnent plus que toutes les liqueurs
du corps animal. C e que les Anatomiftes ont donc appellé
efpritsfêminaux, aurafeminalis, pôurroitbien ne pasexifter,
& certainement ce ne font pas ces elprits qui agitent les
particules qu’on voit fe mouvoir dans les liqueurs fémi-
nales; mais pour qu’on foit plus en état de prononcer fur la
nature de lafcmencc & fur celle des animaux fpermatiques,
nous allons rapporter les principales obfervations qu’on a
faites fur ce fujet.
Leeuwenhoek ayant obfervé la femence du co q , y
vit des animaux fembdables par la figure aux anguilLes de
rivière, mais fi petits, qu’il prétend que cinquante mille
de ces animalcules n’égalent pas la grodeur d’un grain de
fable; dans la femence du rat, il en faut plufieurs milliers
pour faire l’épaiffeur d’un cheveu, &c. Ce t excellent
obfervateur ctoit perfuadé que la fubflance entière de la
femence n’efl qu’un amas de ces animaux : il a obfervé
ces animalcules dans la femence de l’homme, des animaux
quadrupèdes, des oifeaux, despoifïons, des coquillages,
des infeétes ; ceux de la femence de la fàuterelle font
longuets & fort menus, ils parodient attachez, dit-il, par
leur extrémité fupérieure, & leur autre extrémité qu’il
appelle leur queue, a un mouvement très-vif, comme
ferait celui de la queue d ’un fèrpent dont la tête & la
partie fupérieure du corps feraient immobiles. Lorfqu’on
obferve la femence dans des temps où elle n’eft pas encore
parfaite, par exemple, quelque temps avant que les
animaux'cherchent à'fe joindre, il prétend avoir vû les
mêmes animalcules, mais fans aucun mouvement, au lieu
que quand la fàifon de leurs amours efl arrivée, ces animalcules
fe remuent avec une grande vivacité.
Dans la femence de la grenouillé mâle il les vit d’abord
imparfaits & fans mouvement , & quelque"temps après il
les trouva vivans ; ils font fi petits qu’il en faut, dit-il, dix
mille pour égaler la groffeur d’un feul oeuf de la grenouille
femelle ; au refte ceux qu’il trouva dans les teflicules de
la grenouille, n’étoientpas vivans, mais feulement ceux-
qui étoient dans la liqueur féminale en grand volume, où
ils prenoient peu à peu la vie & le mouvement.
. Dans la femence de l’homme & dans celle du chien,
il prétend avoir vû des animaux de deux efpèces, qu’il
regarde, les uns comme mâles & les autres comme femelles
, & ayant enfermé dans un petit verre de la femence
de chien, il dit que le preinier jour if mourut un grand
nombre’de ces petits animaux, que le fécond & le trok-
fième jour il en mourut encore plus, qu’il en refioit fort
peu de vivans le quatrième jour, mais qu’ayant répété cette
obfervation une fécondé fois. fiir.la femence du même
chien,, il;y trouva encore au bout de fept jours des animalcules
vivans, dont quelques-uns nageoientavec autant
de viteffe qu’ils nagent ordinairement dans la femence
nouvellement extraite de l’animal, & qu’ayant ouvert une
chienne qui àvoit été'couverte trois fois par le même
chien quelque temps avant l’obfervation, il ne pût apercevoir
avec les yeux feuls, dans l ’une des cornes de la
matrice, aucune liqueur féminale;du mâle,, mais q u ’au
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