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à ce tefticule, &c. On voit bien qu’il n’y a rien ici qui
foit femblable à ce que l’on entend ordinairement par le
mot d’oeuf, fi ce n’eft que la figure d’un lac peut être
celle d’un oeuf, comme celle d’un oeuf peut être celle
d’un fac. Harvey qui a dilféqué tant de femelles vivipares,
n’a, dit-il, jamais aperçu d’altération aux tefticules, il les
regarde même comme de petites glandes qui font tout-
à-fait inutiles à la génération (Voyez Harvey, Exercit.
(fq. Jr d y .) tandis que ces tefiicules font des parties fort
confidérables dans la plupart des femelles, & qu’il y arrive
des changemens & des altérations très - marquées, puif-
qu’on peut voir dans les vaches croître le corps glanduleux
depuis la groffeur d’un grain de millet jufqu’à celle
d ’une greffe cerife : ce qui a trompé ce grand Anatomifte,
c ’eft que ce changement n’eft pas à beaucoup près fi
marqué dans les biches & dans les daines. Conrad Peyer
qui a fait plufieurs obfervations fur les tefticules des daines
, dit : Exigui qutdem finit damarum tefieuh, fe d poji
côituni foecundum in alterutro eorum papilla, fv e tubercu-
lum fibrofum femper face refat; fera fs autem proegnantibus
tanta acctdit tejticulorum mutatio., ut mediocrem quoque
attentïonem fugere nequeat. ( Vide, Canradi Peyeri Mery-
cologia.) Ce t auteur croit avec quelque raifon, que la
petitelfe des tefticules des daines & des biches eft caufe
de ce que Harvey n’y a pas remarqué de changemens,
mais il eft lui-même dans l’erreur en ce qu’il dit que ces
changemens qu’il y a remarquez, & qui avoient échappé
à Harvey, n’arrivent qu après une copulation féconde.
Il paraît d’ailleurs que Harvey s’eft trompé fur plufieurs
autres choies elfentielles ; il alfure que la femence du
mâle n’entre pas dans la matrice de la femelle, & même
qu’elle ne peut pas y entrer, & cependant Verheyen a
trouvé une grande quantité de femence du mâle dans la
matrice d’une vache diflequée feize heures après l’accouplement.
( Voyez Verheyen| ftp . Anat. Tra. V, cap. y .)
L e célèbre Ruifch alfure avoir difféqué la matrice d’une
femme qui ayant été furprife en adultère, fut alîàlfinée fur
le champ, & avoir trouvé non feulement dans la cavité
de la matrice,mais aulfi dans les deux trompes, une bonne
quantité de la liqueur féminale du mâle. ('Voyez Ruifch,
Thef. anat.pag.yo, Tab. V I,fig . i . ) Valifnieri alfure que
Fallope & d’autres Anatomiftes ont aulfi trouvé, comme
Ruifch, de la femence du mâle dans la matrice de plufieurs
femmes. On ne peut donc guère douter, après le
témoignage pofitif de ces grands Anatomiftes, que Harvey
ne fe foit trompé fur ce point important, fur-tout fi
l ’on ajoute à ces témoignages celui de Leeuwenhoek, qui
alfiire avoir trouvé de la femence du mâle dans la matrice
d ’un très-grand nombre de femelles de toute elpèce, qu’il
a dilféquées après l’accouplement.
Une autre erreur de fait eft ce que dit Harvey, cap. i <f,
N i y , au fujet d’une fàulfe couche du fécond mois, dont
la maffeétoit greffe comme un oeuf de pigeon, mais encore
fans aucun foetus formé, tandis qu’on eft alluré par le
témoignage de Ruifch & de plufieurs autres Anatomiftes,
que le foetus eft toujours reconnoiffable, même à l’oeil
O o ij