54. H i s t o ir e Na t u r e l l e .
chapitre précédent; car pour bien entendre la manière
de cette reproduction, il fuffit de concevoir que dans la
nourriture que ces êtres organifez tirent, il y a des molécules
organiques de différentes efpèces, que par une force
femblable à celle qui produit la pefanteur, ces molécules
organiques pénètrent toutes les parties du corps organifé,
ce qui produit le développement & fait la nutrition, que
chaque partie du corps organifé, chaque moule intérieur
n’admet que les molécules organiques qui lui font propres,
& enfin que quand le développement & l’accroiflement
font prefque faits en entier, le furplus des molécules organiques
qui y fervojt auparavant, eft renvoyé de chacune des
parties de l’individu dans un ou plufieurs endroits, où fe
trouvant toutes raflemblées, elles forment par leur réunion
un ou plufieurs petits corps organifez, qui doivent être
tous femblables au premier individu, puifque chacune des
parties de cet individu a renvoyé les molécules organiques
qui leur étoient les plus analogues , celles qui auraient
fervi à fon développement, s’il n’eût pas été fait, celles
qui par leur fimiiitude peuvent fervir à la nutrition, celles
enfin qui ont à peu près la même forme organique que
ces parties elles-mêmes ; ainfi dans toutes les efpèces où
un feul individu produit fon femblable, il eft aifé de tirer
l’explication de la reproduétion de celle du développement
& de la nutrition. Un puceron, par exemple, ou un
oignon reçoit par la nourriture des molécules organiques
& des molécules brutes ; la féparation des unes & des
autres fe fait dans le corps de l ’animal ou de la plante,
tous deux rejettent par differentes voies excrétoires les
parties brutes, les molécules organiques relient, celles
qui font les plus analogues a chaque partie du puceron
ou de l’oignon, pénètrent ces parties qui font autant de
moules intérieurs differens les uns des autres, & qui n admettent
par conféquent que les molécules organiques qui
leur conviennent; toutes les parties du corps du puceron
& de celui de l’oignon fe développent par cette intufluf-
ception des molécules qui leur font analogues, & lorfque
ce développement eft à un certain point, que le puceron
a grandi & que l’oignon a groïïi aflez pour être un puceron
adulte & un oignon formé, la quantité de molécules organiques
qu’ils continuent à recevoir par la nourriture, au
lieu d’être employée au développement de leurs différentes
parties, eft renvoyée de chacune de ces parties dans
un ou plufieurs endroits de leur corps, où ces molécules
organiques fe raflemblent & fe réunifient par une force
femblable à celle qui leur faifoit pénétrer les differentes
parties du corps de ces individus, elles forment par leur
réunion un ou plufieurs petits corps organifez, entièrement
femblables au puceron ou à l’oignon ; & lorfque ces
petits corps organifez font formez, il ne leur manque plus
que les moyens de fe développer, ce qui fe fait des qu ils
fe trouvent à portée de la nourriture, les petits pucerons
fortent du corps de leur père & la cherchent fiir les feuilles
des plantes, on fépare de l’oignori fon cayeu, & il la trouve
dans le fein de la terre.
Mais comment appliquerons-nous ce raifonnement a la