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nos ordres, & fouvent contre notre confentement. Pourquoi
donc l’homme ne traite-t-il pas cette partie comme
rébelle, ou du moins comme étrangère ! pourquoi fem-
b le - t - i l lui obéir! e fl-ce parce qu’il ne peut lui commander
!
Sur quel fondement étoient donc appuyées ces loix fi
peu réfléchies dans le principe & fi deshonnêtes dans
l ’exécution ! comment le congrès a-t-il pu être ordonné
par des hommes qui doivent fe connoître eux-mêmes &
fçavoir que rien ne dépend moins d’eux que l’aélion de
ces organes, par des hommes qui ne pouvoient ignorer
que toute émotion de l’ame, & fur-tout la honte, font
contraires à cet état, & que la publicité & l ’appareil feuls
de cette épreuve étoient plus que fuffifans pour qu’elle
fûft fans fuccès !
Au refle, la fiérilité vient plus fouvent des femmes que
des hommes lorfqu’il n’y a aucun défaut de conformation
à l’extérieur, car indépendamment de l ’effet des fleurs
blanches qui, quand elles font continuelles, doivent cau-
fer ou du moins occafionner la fiérilité , iLme paroît qu’il
y a un£ autre caufe à laquelle on n’a pas fait attention.
On a vû par mes expériences ( chap. V I. ) que les tefli-
cules des femelles donnent naifîânce à des efpèces de
tubérofités naturelles que j’ai appellées corps glanduleux ;
ces corps qui croiffent peu à peu, & qui fervent à filtrer,
à perfeétionner & à contenir la liqueur féminale , font
dans un état de changement continuel, ils commencent
par groffir au deffous de la membrane du teflicule, enfuite
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ils la percent, Hs fe gonflent, leur extrémité s’ouvre
d ’elle-même , elle laiffe difliller la liqueur féminale pendant
un certain temps, après quoi ces corps glanduleux
s’affaiffentpeuà peu ,fe defsèchent, fe refTerrent & s’oblitèrent
enfin prefque entièrement ; ils ne laiffent qu’une
petite cicatrice rougeâtre à l ’endroit où ils avoient pris
naiffance. Ges corps glanduleux ne font pas fi-tôt évanouis
qu’il en pouffe d’autres, & même pendant l’affaif-
fement des premiers il s’ en forme de nouveaux, en forte
que les teflicules des femelles font dans un état de travail
continuel, ils éprouvent des changemens & des altérations
confidérables ; pour peu qu’il y ait donc de dérangement
dans cet organe, foit par l’épaiffiffement des liqueurs,
foit par la foibleffe des vaiffeaux, il ne pourra plus faire
fes fonctions , il n’y aura plus de fécrétion de liqueur féminale
, ou bien cette même liqueur fera altérée, viciée,
corrompue, ce qui caufera néceffairement la fiérilité.
Il arrive quelquefois que la conception devance les
lignes de la puberté ; il y a beaucoup de femmes qui font
devenues mères avant que d’avoir eu la moindre marque
de l ’écoulement naturel à leur sèxe ; il y en a même quelques
unes qui, fans être jamais fujettes-à cet écoulement
périodique, ne laiffent pas d’engendrer ; on peut en trouver
des exemples dans nos climats fans les chercher jufque
dans le Bréfil où des nations entières fe perpétuent ,
dit-on, fans qu’aucune femme ait d’écoulement périodique
: ceci prouve encore bien clairement que le fàng des
menflrues- n’eft qu’une matière acceffoire à la génération,
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