celle des autres animaux ; on peut donc croire qu’ils font
produits par cette matière organique lorfqu’elle eft extra-
vafée, ou lorfqu’elle n’eft pas pompée par les vaiffeaux
qui fervent à la nutrition du corps de l’animal ; il eft affez
probable qu’alors cette fubftance productive, qui eft toujours
a&iv e , & qui tend à s’organifer, produit des vers
& de petits corps organifez de différente efpèce, fuivant
les différens lieux, les différentes matrices où elle fe
trouve raffemblée : nous aurons dans la fuite occafion
d’examiner plus en détail la nature de ces vers & de plu-
fieurs autres animaux qui fe forment de la même façon ,
& de faire voir que leur production eft très- differente de
ce que l’on a penfé jufqu’ici.
Lorfque cette matière organique, qu’on peut regarder
comme une femence univerfolle, eft raffemblée en affez
grande quantité, comme elle l’eft dans les liqueurs fémi-
nales & dans la partie mucilagineufo de l ’infufion des
plantes, fon premier effet eft de végéter ou plutôt de
produire des êtres végétans ; ces efpèces de zoophytes fe
gonflent, fe bourfoufflent, s’étendent, fe ramifient, &
produifent enfuite des globules, des ovales & d’autres
petits corps de différente figure, qui ont tous une efpèce
de vie animale, un mouvement progreffif, fouvent très-
rapide , & d’autres fois plus lent ; ces globules eux-mêmes
fe décompofènt, changent de figure, & deviennent
plus petits, & à meftire qu’ils diminuent de groffeur, la
rapidité de leur mouvement augmente; lorfque le mouvement
de ces petits corps eft fort rapide, & qu’ils font
eux-mêmes
D e s A n i m a u x . 303
eux-mêmes en très-grand nombre dans la liqueur, elle
s’échauffe à un point même très-fenfible, ce qui m’a fait
penfer que le mouvement & l’aôfion de ces parties organiques
des végétaux & des animaux, pourraient bien être
la caufe de ce que l ’on appelle fermentation.
J ’ai cru qu’on pouvoit préfumer auflî que le venin de
la vipère & les autres poifons aôtifs, même celui de la
morfure d’un animal enragé, pourraient bien être cette
matière aélivc trop exaltée, mais je n’ai pas encore eu le
temps de faire les expériences que j ’ai projetées fur ce
fhjet, auffi-bien que fur les drogues qu’on emploie dans
la médecine ; tout ce que je puis affurer aujourd’hui, c’eft
que toutes les infufions des drogues les plus actives fourmillent
de corps en mouvement, & que ces corps s’y
forment en beaucoup moins de temps que dans les autres
fubftances.
Prefque tous les animaux microfcopiques font de la
même nature que les corps organifez qui fe meuvent dans
les liqueurs féminales, & dans les infufions des végétaux
& de la chair des animaux; les anguilles delà farine,
celles du bled ergoté, celles du vinaigre, celles de l’eau
qui a féjourné fur des gouttières de plomb, &c. font des
êtres de la même nature que les premiers, & qui ont
une origine femblable; mais nous réfervons pour l ’hiftoire
particulière des animaux microfcopiques les preuves que
nous pourrions en donner ici.
Tome I I . Q fl