512 H i s t o i r e Na tu r e l l e
de friflon que les femmes reflfentent dans tout le corps
au moment d e [ a conception, félon Hippocrate, & le
friflon ferait affez fort pour faire choquer les dents les
unes contre les autres, comme dans la fièvre. Galien explique
ce fymptôme par un mouvement de contraction
ou de refferrement dans la matrice , ëc il ajoûte que des
femmes lui ont dit qu’elles avoient eu cette fenfation au
moment où elles avoient conçu ; d’autres auteurs l’expriment
par un fentiment vague de froid qui parcourt tout
le corps, & ils emploient auffi le mot à’horror & à’horri-
pilatio; la plupart établiffent ce fait, comme Galien, fur
le rapport de plufieurs femmes. C e fymptôme ferait donc
un effet de la contraction de la matrice qui fe reflërreroit
au moment de la conception, & qui fermerait par ce
moyen fon orifice, comme Hippocrate l’a exprimé par
ces mots : Qtiæ in utero gerunt, harum os uteri claufum e jl,
ou félon un autre traduéteur, Quoecumque funt gravidæ,
illis os uteri connivet. Cependant les fentimens font parta-
gez*fur les changemens qui arrivent à l’orifice interne de
la matrice après la conception, les uns foûtiennent que
les bords de cet orifice fe rapprochent de façon qu’il ne
refte aucun efpace vuide entr’eux , & c ’eft dans ce fens
qu’ils interprètent Hippocrate ; d’autres prétendent que
ces bords ne font exactement rapprochez qu’après les
deux premiers mois de la grofTeffe, mais ils conviennent
qu’immédiatement après k conception l’orifice eft fermé
par l’adhérence d’une humeur glutineufe, & ils ajoutent
que la matrice qui, hors de la grofTeffe, pourroit
recevoir
U E W H O M M E. ' 5 13
recevoir par fon orifice un corps de lagroffeur d’un pois,
n a plus d’ouverture fenfible après la conception, & que
cette différence eft fi marquée, qu’une fàge-femme habile
peut la reconnoître ; cela fuppofé, on pourroit donc conf»
tater l ’état de la grofreffe dans les premiers jours. Ceux
qui font oppofez à ce fentiment, difentquefi l ’orifice de
la matrice étoit fermé après la conception , il ferait im-
poffible qu’il y eût de fuperfétation. On peut répondre
à cette objection, qu’il eft très-poffible que k liqueur
féminale pénètre à travers les membranes de la matrice,
que même la matrice peut s’ouvrir pour la fuperfétation
dans de certaines circonftances, & que d’ailleurs les fu-
perfétations arrivent fi rarement qu’elles ne peuvent faire
qu’une légère exception à la règle générale. D ’autres auteurs
ont avancé que le changement qui arriverait à l ’orifice
de la matrice, ne pourroit être marqué que dans les
femmes qui auraient déjà mis des enfans au monde, &
non pas. dans celles qui auraient conçu pour la première
fois; il eft à croire que dans celles-ci la différence fera
moins fenfible, mais quelque grande qu’elle puiffe être,
en doit-on conclurre que ce figne eft réel, confiant &
certain! ne faut-il pas du moins avouer qu’il n’efl pas
affez évident L ’étude de l ’anatomie & l’expérience ne
donnent fur ce fujet que des connoiffances générales qui
font fautives dans un examen particulier de cette nature ;
il en eft de même du fàififfement ou du froid convulfif
que certaines femmes ont dit avoir reffenti au moment de
la conception : comme la plupart des femmes n’cprouvent
Tome I L T t t