cette efoèce de cuirafle, ce vêtement incommode qu’on
a imaginé pour foûtenir la taille & l’empêcher de fe déformer
, caufe cependant plus d’incommodités & de
difformités qu’il n’en prévient.
Si le mouvement que les enfans veulent fe donner
dans le maillot peut leur être funefte, l ’inaétion dans
laquelle cet état les retient, peut auffi leur être nuifible.
L e défaut d’exercice eft capable de retarder l’aecroifle-
ment des membres, & de diminuer les forces du corps;
ainfi les enfans qui ont la liberté de mouvoir leurs membres
à leur gré, doivent être plus forts que ceux qui font
emmaillottez ; c ’étoit pour cette raifon que les anciens
Péruviens laiffoient les bras libres aux enfans dans un
maillot fort large ; lorfqu’iis les en tiroient, ils les met-
toient en liberté dans un trou fait en terre & garni de
linges, dans lequel ils les defcendoient jufqu’à la moitié
du corps; de cette façon ils avoient'les bras libres, & ils
pouvoient mouvoir leur tête & fléchir leur corps à leur
gré fans tomber & fans fe bleffer; dès qu’ils pouvoient
faire un pas, on leur préfentoit la mamelle d’un peu loin
comme un appas pour les obliger à marcher. Les petits
nègres font quelquefois dans une fituation bien plus fatigante
pour teter, ils embraffent l’une des hanches de la
mère avec leurs genoux & leurs pieds ><& ils la ferrent fi
bien qu’ils peuvent s’y foûtenir fans le fecours des bras
de la mère, ils s’attachent à la mamelle avec leurs mains,
& ils la fucent conftamment fans fe déranger & fans tomber,
malgré les différens mouvemens de la mère, qui
pendant ce temps travaille à fon ordinaire. Ces enfans
commencent à marcher dès le fécond mois, ou plutôt
à fe traîner fur les genoux & fur les mains ; cet exercice
leur donne pour la fuite la facilité de courir dans cette
fituation prefque auffi vite que s’ils étoient fur leurs pieds.
Les enfans nouveaux - nez dorment beaucoup, mais
leur fommeil eft fouvent interrompu ; ils. ont auffi befoin
de prendre fouvent de la nourriture, on les fait teter pendant
la journée de deux heures en deux heures, &
pendant la. nuit à chaque fois qu’ils, fe réveillent. Ils dorment
pendant la plus grande partie du jour & de la nuit
dans les premiers temps de leur v ie , ils femblent même
n’être éveillez que par la douleur ou par la faim, auffi
les plaintes & les cris fuccèdent prefque toujours à leur
fommeil: comme ils font obligez de demeurer dans la
même fituation dans le berceau , & qu’ils font toujours
contraints par les,entraves du maillot, cette fituation devient
fatigante & douloureufe après un certain temps ; ils
font mouillez & fouvent refroidis par leurs exçrémens,
dont l’acreté offenfe la peau qui eft fine & délicate, Sc
par conféquent très - fenfible. Dans cet état, les enfans
ne font que des efforts impuiflans, ils n’ont dans leur
foibleffe que l ’expreffion des gémiffemens pour demander
du foulagement ; on doit avoir la plus grande attention
à les fecourir, ou plûtôt il faut prévenir tous ces
inconvéniens, en changeant une partie de leurs vêtemens
au moins deux ou trois fois par jour, & même dans la
nuit. C e foin eft fi néceflaire que les Sauvages mêmes
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